À Bruxelles, Jean-Michel Alberola remonte le temps jusqu'aux années soixante pour revisiter dans un ensemble de toiles, sérigraphies et œuvres graphiques, trois années qu’il considère charnières. L’exposition « 1965 – 1966 – 1967 (DÉTAILS) » à la galerie Templon offre une vision politique et poétique de cette période décisive pour la compréhension du monde actuel.
Pour sa nouvelle création, Séverine Chavrier imagine un dispositif scénique d’une très grande beauté, réceptacle des pensées de quatre adolescents musiciens d’aujourd'hui. Entre théâtre et cinéma, « Aria da capo » explore leur âge et ses soubresauts à la manière d’un journal intime ou d’un songe, restituant au plus près l’intensité du désir. Éblouissant.
À Paris, l’Institut des cultures d’Islam et Bétonsalon consacrent une exposition commune à l’artiste franco-algérienne qui construit depuis le début des années 2000 une œuvre dense et protéiforme. Imprégnée de sa double culture, elle questionne les points aveugles de l’histoire. « Hier revient et je l’entends » cultive l’hybridité pour mieux poser un regard critique sur le monde.
Lauréate du Prix Drawing Now 2022, Karine Rougier est l’une des révélations de l’année. Son exposition personnelle, qui vient de s’achever à Drawing Lab, s’ouvre au collectif avec une infinie générosité. Dessin, gouache, aquarelle, films, dioramas, « Nous qui désirons sans fin » fait la part belle aux récits polyphoniques qu’une force tellurique rend éminemment vivants.
Quelque part dans le Finistère, le Secrétaire d’État à l’industrie est séquestré par les salariés d’un abattoir de poulets autour duquel se sont massés journalistes et forces de l’ordre. Anne-Laure Liégeois adapte « Des châteaux qui brûlent », le roman d’Arno Bertina paru en 2017 et met en scène un huis-clos improvisé dans lequel la lutte collective s’organise.
Le collectif Mind The Gap revisite le film d’horreur avec une persévérance remarquable. En mettant en jeu les mécanismes et procédés de fabrication du film de genre, la pièce met à nu la violence en même temps qu’elle la tient à distance. « J’aurai mieux fait d’utiliser une hache » explore jusqu’à l'absurde et avec beaucoup d’humour notre fascination macabre pour le crime.
Alors qu’une troupe de théâtre répète des scènes issues des Nouvelles fantastiques d’Anaïs Nin, chacun va tenter de convoquer son fantôme. Spectacle sur la rencontre, « Anaïs Nin au miroir », mis en scène par Élise Vigier sur un texte d’Agnès Desarthe, transcende le temps pour composer une mise en abime permanente entre les comédiens et l’écrivaine.
Rébecca Chaillon ravive le souvenir cruel de ses années de collège et compose une première pièce pour adolescents à la façon du spectacle qu’elle aurait voulu voir à l'époque. Servie par quatre jeunes comédiens formidables, « Plutôt vomir que faillir » transporte le public au cœur du réel adolescent pour interroger, entre douceur et violence, l’intime en construction. Magnifique.
À Lausanne, la Collection de l’Art Brut accueillait l'exposition « Art Brut et Bande dessinée ». En rapprochant ces deux expressions artistiques n’ayant de prime abord rien en commun, l’institution vaudoise démontre au contraire que nombre d'auteurs d’Art Brut se sont emparés des codes et de l’imagerie de la bande dessinée en les remodelant pour mieux les intégrer à leur imaginaire personnel.
À Saint-Gaudens, la Chapelle Saint-Jacques expose l’art du plasticien colombien Andrés Baron dont les œuvres filmiques à la picturalité assumée déconstruisent les clichés en les exacerbant. « Calcomanias » fait état d’une œuvre dans laquelle l’artiste invente son propre territoire, ouvrant ses dispositifs à la collaboration pour mieux se frotter à l’altérité.