"La construction historique est consacrée à la mémoire de ceux qui n’ont pas de nom" (Walter Benjamin). "L’histoire est la science d’un changement et, à bien des égards, une science des différences" (Marc1…
Bloch). L'image est prise au coeur du monument-mémorial de Portbou dédié à Walter Benjamin ("Passages", de Dani Karavan).
Depuis des mois, Claude Barbier multiplie les conférences et les déclarations fracassantes pour annoncer qu’il va enfin faire connaître la vérité sur le « mythe » des Glières, ce plateau haut-savoyard qui n’aurait connu aucune « bataille » en 1944. Aujourd’hui, soixante-dix ans après les faits, un livre tiré de sa thèse est sorti de presse. Il apporte bien des informations utiles et des analyses, parfois discutables ; mais cela n’a rien à voir, décidément, avec le chambardement qui devait surgir.
Une pétition circule ces jours-ci à Genève intitulée Pour un enseignement de l’histoire suisse et genevoise ! et sous-titrée Parce que notre démocratie en a besoin ! Or, ce texte fait deux fois fausse route, parce qu’il ne propose rien de concret pour développer un véritable apprentissage en matière d’exercice de la citoyenneté en toute connaissance de cause et parce qu’il défend une conception de l’histoire scolaire qui est caricaturale et rétrograde [1].
En Suisse, l’issue du vote du 9 février 2014 sur une initiative de l’extrême-droite intitulée « Contre l’immigration de masse » est certes une mauvaise surprise. Mais c’est surtout la triste manifestation de la profonde dégradation du débat politique qui s’observe depuis de nombreuses années.
La Journée de la mémoire de l’Holocauste (ou des génocides) et de la prévention des crimes contre l’humanité, qui rappelle l’arrivée des troupes soviétiques dans les camps d’Auschwitz le 27 janvier 1945, devrait être prolongée d’une manière ou d’une autre. Cela éviterait de s’en tenir à des formes de sacralisation mémorielle et permettrait de faire en sorte que, par un véritable travail d’histoire, les conditions et les étapes du processus qui ont mené à la catastrophe soient successivement examinées, transmises et analysées.
11 janvier 2014, Habère-Lullin, Haute-Savoie : un livre a été présenté par son auteur, Claude Barbier. Il évoque, en les plaçant sur un même plan, deux « crimes de guerre » survenus dans ce village...
2014, année commémorative. Il devient de bon ton de déplorer une « commémorationnite », avec notamment le centenaire annoncé, mêlé de manière confuse à d’autres anniversaires. Tout cela pose en effet bien des questions. Mais cette visibilité du passé dans l’espace public est aussi l’occasion de faire de l’histoire et de faire surgir de l’ombre les acteurs de ces tragédies, notamment les plus subalternes.
Le 28 décembre 1943, il y a soixante-dix ans jour pour jour, les sept frères d’une même famille et l’un de leurs camarades ont été froidement assassinés à Reggio Emilia par des fascistes dans le contexte du régime républicain de Salò, régime fantoche à la solde des troupes allemandes d’occupation.
Le passé est constamment inscrit dans notre présent. Il est une référence constante pour des luttes du présent. Cela passe parfois par des comparaisons abusives, des références anachroniques mais hautement symboliques (CRS SS). Mais pouvons-nous vraiment nous en passer et les mettre à distance quand le travail de mémoire est confronté à tant d'obstacles et d'occultations?
Il n’y a pas qu’un seul 11 septembre, et il n’est pas sûr que le premier ait été moins global que le second, ou qu’en tout cas, il l’ait été aussi peu qu’il l’est ainsi laissé entendre. Au temps de la guerre froide et de la domination états-unienne exercée sur l'Amérique Latine, ce crime politique de masse a été mené par une forme d’impérialisme international aussi bien que transnational.