Assigné à résidence depuis le 23 avril 2008, je publie dans ce blog quelques billets décrivant ma vie en apesanteur, entre liberté surveillée et confinement forcé.
Dans cette étrange période de confinement généralisé, Denis Robert interroge Kamel Daoudi, l'un des plus anciens assignés à résidence de France, victime d'un étrange acharnement qui revient sur un emballement kafkaïen.
J'ai longuement hésité avant de vous livrer mes quelques réflexions. Je ne suis pas plus légitime qu'un autre pour le faire. Pourtant ma sensibilité après 12 ans d'assignation à résidence m'oblige à partager avec vous ces quelques idées intimes.
Chaque jour qui passe nous nous habituons un peu plus au débordement de notre vie privée par ce monde parallèle que constitue notre identité numérique. Nos individualités convergent inexorablement vers des identités profilées par des algorithmes.
Depuis une douzaine d’années, je suis obligé de pointer plusieurs fois par jour à la gendarmerie ou au commissariat et de respecter chaque soir un couvre-feu. Il m'est aussi interdit de quitter les communes où je suis successivement contraint de déménager. Depuis ces trois dernières années, je suis séparé de plusieurs centaines de kilomètres de ma famille par les autorités françaises.
Samedi 31 août, aux alentours de midi, j’étais chez moi et j’ai entendu des gens crier. Interpellé par le bruit dans un quartier habituellement calme, je me suis rapproché de la fenêtre. J’ai alors pu entendre que l’on scandait mon nom.
J’ai lu quelques articles, et cela a bien suffi, sur les retours volontaires des migrants vers leur pays de naissance, moyennant des soi-disant primes d’installation pouvant aller jusqu’à 5000 euros.
Il existe même un site internet avec des vidéos explicatives...
Par Kamel DAOUDI
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« Si vous vous êtes mal comporté repentez-vous, faites amende honorable et promettez de mieux vous comporter la fois prochaine. Ne ressassez pas vos erreurs. Se traîner dans la boue n'a jamais été le meilleur moyen de se nettoyer ». - Aldous Huxley, Brave New World