Ruinés par d’autres corps. Ici, sur la planète. Une destruction sous nos yeux. Parfois en direct, sur nos écrans. Mais il y a aussi les images d’archives. Comparer l’abominable du passé avec celui d’aujourd’hui ? Non. L’abominable ne se compare pas. Il se vomit d’abord. Quel que soit l'abominable. Dégueuler l’indicible. Quand les mots ne peuvent que se vomir.
Mots croisés. Quels sont les habitants de l’Oise ? Les Oisiens ! C’est bon. Tu es sûr ? Évidemment. Comme les habitants de Paris se nomment des Parisiens. Non, coupe une voix, ce sont des parigots têtes de veau. Éclat de rire. Je sentais le poids de son regard depuis deux ou trois minutes. Celui de la femme pilotant les mots croisés. Visiblement gênée. Vous êtes parisien ?
Ni garçon, ni fille. Et pas de couleur de peau. Impossible ? Chaque visage a en effet une identité visible. Notre premier passeport est le faciès. Toute rencontre débute par un dialogue muet de visages. Mais à cet instant précis, je ne peux définir l’être en face de moi.Juste un regard derrière la vitre embué d’un train. Un semblable dans le flou. Que dit son regard ?
Faire. Le verbe principal de l'espoir. Contrairement au désespoir qui ne fait pas. Il n’ouvre aucun chantier. Si ce n’est de désespérer. Avec discrétion ou grand bruit. En ce moment, le verbe espérer n’est pas beaucoup dérangé. Il pourrait ne rien faire. Rester bras croisés et annoncer le pire à venir. Imiter le désespoir. Mais ce n'est pas dans son ADN. Comment reconnaître l’espoir ?
Un jeu de mots remisé dans ma mémoire. Il est remonté d’un coup. À la vue de la brochette de milliardaires autour du président des États-Unis. Des hommes et des femmes qui vont diriger la planète. C’est déjà fait, me dit une voix. Elle a raison. Bien longtemps qu’ils et elles tiennent le gouvernail de notre planète. Avec le résultat qu’on connaît. Mauvaise langue ?
Sans doute pas grand-chose. Puisque nous continuons la route. Et que le monde n’ a pas cessé de tourner. Rien donc de réellement problématique à cette perte. Alors inutile de faire marche arrière pour chercher ce qui s'est perdu de nous. Avançons. Au fil du temps, un grain de sable s’est glissé dans la mécanique. Avec une question lancinante. Si ce quelque chose de perdu était essentiel ?
Même si elles n’ont rien craindre. Même pas du petit pantin aux cheveux jaunes. Ni des autres comme lui sur la planète. Une petite poignée s’agitant dans leur panoplie de puissants du monde. Leur agitation n’inquiète nullement les étoiles. Elles en ont vu d’autres, depuis leur présence au-dessus du monde. Et de l’humanité. Une espèce en voie de disparition ?
Entre les deux, une adresse. De la naissance à la mort. La même adresse de ses premiers pas ou changeante. Celle où l’on vit. On peut bien sûr changer d’adresse. Sauf deux. Là où l’on a vu le jour. Où que l’on se trouve, sa venue au monde est localisée à jamais. Comme l’endroit de son dernier souffle. Lieu de naissance et de mort n’ont qu’une adresse : début et fin d’histoire.
Saison de débordements.Quand son lit ne lui suffit plus,elle décide de s’étaler.Sans se soucier des clôtures naturelles ou humaines.Elle grignote les parcelles de terre.La pluie l’a aidée à déborder.Avalant une grande partie des berges.Tous, animal ou humain, aimantés par la rivière.Au bord d'une eau vivante.Une silhouette est assise de dos.Avec capuche sur la tête.Silhouette non identifiable.
Ça passait ou cassait. Le même humour noir depuis l’adolescence. Se moquant très souvent de situations tragiques. Qu’il s’agisse d’événements historiques ou de déboires de proximité plus ou moins graves. Riant de tout. Même de lui. Son humour ne laissait pas indifférent. On aimait ou détestait. Je le trouvais très drôle. Sale gosse irrévérencieux à perpétuité ?