Par Patrice Beray
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Dans le cadre de son master à l’école de journalisme de Tours, Claire Ferragu m’a interrogé sur la «place de la poésie dans l’espace médiatique français». Avec son assentiment, je publie notre entretien sur mon blog, où il a toute sa «place».
«Le livre d’une vie et d’une époque», a dit de son monumental «A» le poète étasunien Louis Zukofsky (1904-1978). Pour la première fois édité intégralement en français, «A» est un livre d’un abord si déroutant qu’il résonne comme notre futur : impénétrable, sauf à explorer et étendre nos capacités d’écoute et de regard.
En toute complicité avec nos correspondants haïtiens, il nous importe fort à Mediapart de saluer le « défricheur d’âmes » Michel Monnin, qui est mort en Haïti le 13 novembre dernier. Et ce en poèmes, parce que « quand il pleut », il peut « faire soleil en même temps ».
À rebours des notices nécrologiques d’usage, voici quelques notes sur un poète, Jude Stéfan (1930-2020), tenu malencontreusement dans l’ombre éditoriale d’une époque, et tout à la fois se situant lui-même dans un retrait «volontaire», le sien en poète, à qui il fait vraiment bon penser ces temps-ci.
Par Patrice Beray
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Peu connue en France, où aucun livre d’elle n’a été publié, la prix Nobel de littérature 2020 a néanmoins retenu l’attention, certains de ses poèmes ayant été traduits en revue (Po&sie, Europe). Un essai centré sur la poésie anglo-saxonne d’un poète et universitaire étasunien, chroniqué dans Mediapart en 2013, lui accordait déjà une place majeure.
En dessous de la ligne de flottaison des mots, des représentations et des visions du monde et de ses mythologies, il est une autre forme de réalité qui appartient à l’amour, à l’individuation : critique du film « Ondine », du réalisateur allemand Christian Petzold.
Les éditions du Réalgar ont publié dans les premiers jours de l’été « Le coucou chante contre mon cœur », ouvrage posthume de Julien Bosc (1964-2018). Il faut presque en avertir ses lecteurs potentiels : il s’agit là, dans le contexte de la poésie contemporaine de langue française, d’un livre absolument singulier, ultime, et extraordinaire à bien des égards.
Morte voilà seulement dix ans, Elena Schwarz (1948-2010), peu connue encore en France, a joui d’une grande considération dans les cercles artistiques issus de l’underground pétersbourgeois. L’important choix de poèmes qui paraît aux éditions Les Hauts-Fonds permet d’appréhender une voix bouleversante, sinuant à travers toute une mythologie culturelle.
Par Patrice Beray
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Quoi qu’il advienne de la crise provoquée par la pandémie de coronavirus, son effet le plus notable, et qui n’est peut-être pas suffisamment relevé comme tel, restera la « captation mentale » dont elle a été, et est toujours, l’instrument. La « captation mentale », c’est précisément un des outils critiques de nos sociétés forgés par l’écrivain Bernard Noël.
Rien n’est ni ne sera effacé de ce « souvenir que nous avons maintenant », comme l’a écrit le poète catalan existentiel Gabriel Ferrater. Le chant des merles et deux poèmes suffisent pour conjurer, au moins dans les vies individuelles, la césure pandémique supposée entre un temps d’avant et un temps d’après.