« Nous voulons des livres, des films qui agissent sur nous comme des corps, mille fois mieux que des corps, comme des corps vivants. » (Alban Lefranc)
« Plus on s'affronte à une construction1
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littéraire, plus on peut déplacer les perceptions courantes, les manières de voir, et plus les conséquences sont politiques. » (Édouard Louis, à propos d'En finir avec Eddy Bellegueule)
« Je ne sais pas ce que c'est un livre. Personne ne le sait. Mais on sait quand il y en a un. » (Marguerite Duras)
Longtemps on a pu se scandaliser de l’occultation dont était l’objet la Commune de Paris, énorme événement révolutionnaire comme dénié sans fin. Et puis tout de même justice fut rendue à ceux qui pendant une brève période de l’histoire de France inventèrent de toutes pièces une société fondée sur des rapports fraternels entre les hommes et qui furent pour cette raisonl’objet d’une répression sans pitié.
16 janvier-15 juin 1965. Louis Malle tourne Viva Maria au Mexique. Un film explosif, doublement, par son sujet (deux danseuses d’un cirque aiment le même guérillero, elles épousent sa cause et poursuivent sa mission après sa mort : la révolution) et par son casting : Brigitte Bardot et Jeanne Moreau face à la caméra. La dimension internationale du film, son budget énorme, tout fait de Viva Maria un tournage hors-norme (ou une catastrophe annoncée).
Un petit bijou à paraître aux éditions de la Table Ronde : Le Trousseau de Moulin premier de René Char. « Bijou » pour le sujet, des pastilles consacrées à l’Isle-sur-la-Sorgue comme pour l’objet, livre de cartes postales et de courts textes manuscrits en vis-à-vis davantage qu’en illustration.
Parution en France du dernier roman du génial Will Self, The Butt : mégot, clope, mais aussi coup de tête, ou champ de tir. To butt in, s’immiscer. Un titre dont il est impossible de rendre la polyphonie en français, sinon par cet approximatif No Smoking.
Kafka, qui ne destinait pas ses œuvres à la publication, on le sait, tint des cahiers d’octobre 1916 à mai 1918, en ce moment particulier où l’écrivain, à 34 ans, apprend qu’il est gravement malade et que ses jours sont désormais comptés. Rivages les publie pour la première fois en intégralité, brillamment traduits par Pierre Deshusses, ouvrant sa préface de cette phrase magnifique : « Les cahiers in-octavo détourent les ombres de la mort ».
Nathalie Heinich a acquis une incontestable autorité en sociologie de l'art au long d'une série d'ouvrages qui vont de La Gloire de Van Gogh (1991) à L'Élite artiste (2005) en passant par Le Triple Jeu de l'art contemporain (1998). Élève rebelle de Pierre Bourdieu, Heinich défend des idées bien à elle comme celle du régime de singularité qui caractérise l'art moderne et ses suites ou encore celle de l'art contemporain non pas comme art d'une période mais en tant que genre au plein sens du terme.
La crise puis la reprise. On s'accroche et on y croit. On reprend en cœur. Crise/Reprise. C'est mécanique et cela finira bien par repartir. Mais «la reprise de quoi, et pour qui ?», s'interroge Felix Guattari dans un texte lumineux sur l'actuel marasme économique, écrit en septembre... 1983.