Les quartiers dits sensibles sont l'objet de tous les fantasmes. Mais que dire des établissements scolaires qui y sont implantés? Les portraits d'élèves et de profs sont souvent caricaturaux. Et aux1
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médias, on reproche à juste titre, de ne se déplacer qu'en cas de problème grave.
Qu'en est-il au quotidien? Ici, ce sont les acteurs eux-mêmes qui racontent: leurs doutes, leurs espoirs, leurs angoisses, leurs projets. Petites anecdotes ou réflexions de fond, il se livrent, parfois anonymement, pour être plus libres de leur parole.
Profs, assistantes sociales, infirmiers ou surveillants, il décrivent sans complaisance ni angélisme la vie de leur établissement, voire de leurs élèves. Et démontrent qu'il n'y a pas que les quartiers qui sont sensibles.
Lors du «show» des journées de la refondation de l'éducation nationale des 2 et 3 mai derniers, la réforme de l'éducation prioritaire a été célébrée comme étant «au cœur de la refondation». Pourtant, depuis quelques jours, de nombreux établissements ayant justement intégré la nouvelle carte des REP se mobilisent pour dénoncer les fausses promesses et « le manque de moyens ».
Véronique Decker est directrice de l'école Marie Curie à Bobigny. Son livre « Trop classe » retrace son parcours à travers le département de Seine-Saint-Denis qu'elle a sillonné contre vents et marées durant 30 années avant de jeter l'encre pour une longue escale, au pied de la cité Karl Marx, rue Emile Zola, 93000 Bobigny.
En parallèle de la mobilisation des enseignants mardi dernier, un autre mouvement, de parents d'élèves cette fois, prend de l'ampleur. Loin de la réforme du collège ou des salaires gelés, c'est plus prosaïquement du non-remplacement des enseignants en Seine-Saint-Denis qu'il est question.
Quel rapport peut-il y avoir entre une manifestation pour la revalorisation des salaires de la fonction publique et une autre contre la réforme du collège? En apparence aucun. Mais en démêlant les fils du mécontentement à l'éducation nationale, force est de constater que ces deux extrémités sont faites d'une seule et même pelote. Les deux cortèges se réuniront d'ailleurs en cours de manifestation.
Par Emile Lanoë
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Le temps de l'éducation est celui du temps long. Répondre dans l'urgence à des journalistes sur ce qui se dit lors des premières heures post attentats est le plus souvent vain. Mauvais souvenirs de janvier dernier lorsque beaucoup de collègues, largement entendus et relayés par la presse, s'étaient fait l'écho, en l'amplifiant jusqu'à l'absurde, des propos maladroits et spontanés d'enfants.
Scolariser des enfants réfugiés? L'Éducation Nationale « sait faire ». C'est par cette formule que le ministère a répondu aux interrogations légitimes concernant leur intégration au sein de l'école française, suite à l'annonce par François Hollande de l'accueil de 24 000 nouveaux réfugiés sur 2 ans. S'il existe effectivement un certain nombre de structures d'accueil pour les enfants allophones (qui ne parlent pas français), celles-ci sont déjà largement saturées et ont surtout connu une réforme en 2012 qui les a fortement déstabilisées.
Parvenir à stabiliser les équipes dans les établissements les plus sensibles était un objectif affiché par le ministère lorsqu'il a lancé sa réforme de l'éducation prioritaire à la rentrée 2014. Les résultats de la phase de mouvement 2015 viennent de tomber, le ministère n'a pas encore communiqué sur le sujet, et pour cause, le nombre exceptionnellement élevé de départs sonne comme un désaveu pour les politiques mises en œuvre.
Alors que les vacances approchent à grands pas, les enseignants préparent déjà leurs valises, mais certains plus que d'autres. Dans le quartier du Mirail à Toulouse, au collège Bellefontaine, ce sont six enseignants qui sont menacés d'être mutés, cinq « dans l’intérêt du service », le sixième « d'office ». L'une d'entre eux, Laure Betbeder, professeur de S.V.T., entame aujourd'hui son 9e jour de grève de la faim (voir ici).
La fronde générale (ou presque) qui règne actuellement au sein de l'éducation nationale à propos de la réforme du collège et des nouveaux programmes semble en étonner certains (ici). Mais comment attendre autre chose dans un contexte dégradé dans lequel le ministère cherche à réformer à moyens constants?
Fondée par Philippe Korda, le président d’une entreprise de conseil en management, formation et communication, l’association Energie jeunes se déplace depuis quelques années gratuitement dans de nombreux collèges d’éducation prioritaire afin de lutter contre le décrochage scolaire. Louable intention (en ces temps d’austérité) saluée par le chef de l’Etat en personne le 24 juin 2014.