Ô Maria, le dernier roman d'Anouar Benmalek , prend pour toile de fond l'Espagne du début du dix-septième siècle, période où s'achève le formidable nettoyage ethnique entamé un peu plus d'un siècle plus tôt, après la chute du royaume de Grenade qui tourna définitivement la page du pouvoir islamique après sept siècles de domination.
Si d’aucuns parlent de grève, ou de rêve - Franck Venaille nous rappelle que le mot d’ordre serait plutôt, depuis cette nuit des temps qui fait le jour : « crève » générale !… avec les nuances marbrées qui vont de l’indisposition fiévreuse à la danse macabre elle-même… Depuis Journal de bord (1961) et Papiers d’identité (1966) jusqu’à aujourd’hui : Chaos (2006) et ça (2009), il en va, pour lui, définitivement ainsi : « Je porte la folie du monde en moi »…
Cela fait un moment, qu’il tourne autour de la mort. Non, il tourne autour depuis toujours : le désir et la mort. Depuis quelques livres, Philip Roth aborde, frontalement, comme autrefois les états hormonaux et culturels deson adolescence avec Portnoy et son complexe,ce qui se tait, s’ellipse, se présente avec faveurs nouées et bronzage sous toison blanche : la déchéance de l’âge.
« Le papier, nuit blanche. Et les plages désertes des yeux du rêveur. Le cœur tremble ».De la page aux plages comme échappées du rêve, de la lecture, Les Mains libres de Paul Eluard et Man Ray, recueil de 1937, reparaît en collection de poche chez Poésie/Gallimard. Une édition magnifique, un beau livre, en petit format. L’occasion de (re)découvrir les dessins de Man Ray illustrés par les poèmes de Paul Eluard. Car les textes illustrent ici le dessin, et non l’inverse, en une réappropriation moderne, surréaliste des livres d’emblèmes de la Renaissance.
« Il n’y a de roman que d’amour ». Cette phrase de Philippe Forest est-elle un clin d’œil à Robert McLiam Wilson et son sublime « Toutes les histoires sont des histoires d'amour », incipit d’Eureka Street ?
Jérémie, 17 ans, au prénom « comme une prière » est tout entier cet appel vers un ailleurs : le désir, les fantasmes, les images, les corps, « je veux que mon sang circule enfin, je veux un homme en moi pour savoir qui je suis ».
11 septembre 2001. Les tours jumelles s’écroulent. Le monde aussi, d’une certaine manière. Il y a un avant et un après le 9/11. Qui ne se souvient pas où il se trouvait, ce qu’il faisait quand il a appris, quand il a vu ?
Portrait croisé de Boris Vian et Chloé Delaume. En un dialogue au-delà de la mort, des pages. Comment parler à un mort qu’on ne connaît pas ? Lui dire « tu » ? « Vous » ? User du « pleutre respect feulé aux déliés respectueux » ou de « la confite compassion saupoudrée candide connivence » ?
Il faut imaginer une époque - et même la Belle Epoque ! - où « l’enfer » de la Bibliothèque nationale ne fait pas l’objet d’une quelconque exposition ouverte au grand public… Une époque où Sade, à présent reconnu l’un des grands prosateurs du XVIIIème siècle, 3 volumes de la Pléiade sur papier bible dans toutes les bonnes libraires, représente l’impossible de la littérature… Où Catulle et Martial ne paraissent qu’en version expurgée…