Céline Sciamma filme un bref moment de liberté dans la vie d'une jeune femme à la veille de la Révolution. « Portrait de la jeune fille en feu », subtile histoire d'amour en clair-obscur, pose un regard sur la condition féminine de l'époque et livre une éclatante réflexion sur l'art du portrait à travers la relation que noue la peintre avec son modèle. Splendide.
La maison des arts de Malakoff prolonge avec délice l'invitation à entrer dans le monde merveilleusement bordeline et désormais musical de Louise Pressager, juste miroir de nos névroses. Usant d'un langage visuel simple et d'une économie de moyens formels, elle interroge notre quotidien avec une fausse candeur pour mieux en révéler l'absurdité. Salutaire !
A Paris, la galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois expose les travaux récents de Pilar Albarracin qui poursuit son exploration critique et politique de l'identité espagnole à travers la Semaine Sainte de Séville. « No apagues mi fuego, déjame arder » puise dans le folklore andalou pour mieux le subvertir et revendique, avec une gravité nouvelle, la part des femmes dans l'histoire collective.
A Lausanne, le Musée de l'Elysée invite à regarder la fabrique de l'histoire en entrant dans l'intimité de René Burri. « L'explosion du regard », exposition pensée comme une déambulation dans les archives du photographe suisse, dessine un voyage intérieur à l'écoute du monde. Celui qui voulait être cinéaste préférait au moment décisif capturer la séquence qui y conduisait.
Le Frac Lorraine expose un corpus inédit en France d'œuvres de Christina Ramberg, qui entre en dialogue avec des pièces d'artistes issus de générations et d'univers différents. « The making of Husbands » interroge les principes qui sous-tendent l'interdépendance entre corps et environment et révèle l'étonnante contemporanéité de l'artiste américaine.
L'artiste belge Edith Dekyndt expérimente les possibles afin d'augmenter notre capacité à regarder le monde autrement. Au Grand Café - Centre d'art contemporain de Saint-Nazaire, elle réinvente l'installation « The Black, The White, The Blue » conçue pour la Kunsthaus d'Hambourg, qui suit l'évolution de la matière sous l'effet du temps pour composer un récit poétique et politique.
L'artiste autrichien Lois Weinberger est décédé à Vienne le 21 avril 2020. Autodidacte, fils de paysans, il a consacré sa vie à la libération des rudérales, développant une nouvelle approche des rapports entre culture et nature pour faire de la société des plantes le miroir de celle des humains. Retour épistolaire sur une oeuvre immense à travers cette lettre de remerciement.
Entre 2015 et 2019, hantée par les atrocités de la guerre en Irak et en Syrie qu'elle cherche à retranscrire, Iris Levasseur compose la série dessinée des « Champs de bataille », remontant le temps, interrogeant des vestiges ancestraux afin de réanimer une mémoire collective. En nous mettant face à ces figures fantômes, elle en fait les témoins oubliés de ce qui nous constitue.
Lauréat du Prix des Amis du Palais de Tokyo 2018, l'artiste marseillais Nicolas Daubanes interroge, à travers le dessin et la sculpture, les formes de résistance dans le récit des manifestations populaires qui font l'histoire des luttes sociales. De la Commune de Paris aux actions récentes en faveur des droits des minorités, c'est bien l'urgence du présent qui résonne.
A Bourges, Simon English retourne le Transpalette pour un voyage descendant, une exploration des profondeurs où l'inconscient croise souvenirs érotiques, héros populaires et un lapin qui nous entraine de l'autre côté du miroir. Dans cette membrane que forment les œuvres agglomérées, des mots se font fragments d'une histoire sans cesse renouvelée dans le regard de chacun des visiteurs.