À la maison mes parents ne parlaient pas beaucoup avec nous de cette période même si une anecdote heureuse ou malheureuse pouvait surgir au détour d’une conversation. Il fallait en parler le moins possible, attendre qu’ils en aient envie ou qu’ils en soient capables.
En dehors de la maison, on en parlait beaucoup.
Bien sûr dès que j’étais à l’école, comme il n’était question que de “ boches ” ou de “ fridolins ” (je ne suis pas sûr de l’usage de cette dernière épithète, plutôt les frisés, mais pourquoi ?) il m’était difficile d’ignorer que nous sortions de la guerre.
Lorsque j’avais six ans, que j’étais au cours préparatoire, notre maîtresse avait l’habitude de s’absenter entre 4 heures et 4 heures et quart (l’après-midi). Alors, elle déléguait la surveillance à l’un d’entre nous. Mon tour est venu un jour. J’étais debout devant le tableau noir et je devais repérer ceux qui parlaient ou qui faisaient des bêtises et lui dire à son retour. Tout s’est bien passé, je n’avais rien à lui dire. Dans mon souvenir il n’y avait « rien à signaler ».
Quand je suis arrivé à la maison, j’étais tout fier de raconter à ma maman que je venais d’avoir en charge la surveillance de la classe. Elle s’est fâchée contre moi, les larmes lui sont montées aux yeux et elle m’a répété plusieurs fois de refuser un tel rôle et de ne jamais dénoncer mes camarades.
(À suivre... [ 3])
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