« Nous voulons des livres, des films qui agissent sur nous comme des corps, mille fois mieux que des corps, comme des corps vivants. » (Alban Lefranc)
« Plus on s'affronte à une construction1
…
littéraire, plus on peut déplacer les perceptions courantes, les manières de voir, et plus les conséquences sont politiques. » (Édouard Louis, à propos d'En finir avec Eddy Bellegueule)
« Je ne sais pas ce que c'est un livre. Personne ne le sait. Mais on sait quand il y en a un. » (Marguerite Duras)
« Mon grand-père n’aimait pas parler du passé. Ce qui n’a rien d’étonnant, du moins s’agissant de ce qui compte vraiment : le fait qu’il était juif, qu’il ait débarqué au Brésil à bord d’un de ces bateaux où les gens s’entassaient, le bétail pour qui l’histoire semble s’être arrêtée alors qu’il avaient vingt ans, ou trente, ou quarante, peu importe, et ne reste plus ensuite qu’une sorte de souvenir qui va et vient et peut devenir une prison pire encore que celle par où tu es passé ».
Jana Cerna, née à Prague en 1928 et tuée dans un accident de la route en 1981, est la fille de Milena Jesenska, intellectuelle et journaliste tchèque qui fut un temps l’amante de Franz Kafka (à qui il adressa les lettres aujourd’hui réunies dans le recueil Lettres à Milena), dont elle a rédigé la biographie à paraître aux éditions La Contre Allée en octobre et intitulée Vie de Milena.
Sur les campus américains, il est toute une reviviscence de la pensée anticapitaliste. En témoigne un récent essai de Jonathan Crary, dont la thèse centrale est aussi originale dans sa conception qu’accablante quant aux faits analysés. Elle dit que, dans nos existences, le capitalisme s’est approprié à peu près toute chose, sauf une, qui est notre sommeil.
Rendre compte pour le « grand public » d’un ouvrage plutôt destiné à la « communauté scientifique » exige une petite explication : malgré un nombre conséquent de références bibliographiques en bas de page, l’auteur a su énoncer clairement ce qui est complexe et mettre à la disposition d’un large public un sujet qui fait encore résonnance dans nos sociétés sécularisées...
Voici un beau livre pour les vacances. Il narre ce qu’en d’autres circonstances on tiendrait pour une performance sportive. Mais son auteur, Antoine de Baecque, n’aimerait pas que l’on parle ainsi de l’exploit qu’il a mené à bien en septembre 2009. C’est qu’il a en horreur tout ce qui tient des hauts faits spectaculaires et des records. Et comme il a raison !
Avec Comprendre Foucault, Jean-Clet Martin propose moins une explication de Foucault qu’une implication : « comprendre » Foucault serait à entendre comme une invitation à l’inclure dans notre pensée et nos existences, à l’impliquer dans ce que le présent conduit à penser et à vivre – implication sans doute nécessaire pour que notre présent devienne pour nous contemporain.
L'écrivain Aliocha Wald Lasowski chronique le récent ouvrage du linguiste et philosophe Jean-Claude Milner, « Harry Potter. A l’école des sciences morales et politiques ».
Quelques mois après Nelson Mandela, l’Afrique du Sud perd un autre géant, qui aura consacré son temps, son énergie et son œuvre à lutter farouchement contre l’apartheid. Nadine Gordimer, lauréate du prix Nobel de littérature de 1991, douze ans avant un autre géant — Coetzee en 2003 —, est morte pendant son sommeil à son domicile de Johannesburg, lundi 14 juillet 2014.
La Commune de Paris fut un moment unique, qui conserve un immense prestige auprès de ceux qui aspirent à l’existence d’un socialisme vraiment démocratique. Et pourtant elle ne fut qu’une convulsion de quelques mois qui commença dans le chaos et se termina tragiquement par un massacre, la Semaine Sanglante. C’est au point qu’il est difficile pour les historiens d’en rassembler tous les morceaux et d’en dégager la portée, pourtant universelle.
La causticité d’Edward St Aubyn n’a d’égal que son talent. Dans son dernier roman, Sans voix, il passe le petit milieu littéraire au crible de son regard acéré et tout le monde en prend pour son grade : les prix, les éditeurs, les écrivains, les journalistes. Ce livre est une comédie anglaise irrésistible. Si l’on devait comparer ce roman à une confiserie british bien connue, le chocolat serait noir et amer, la menthe glacée, voire acide.