A Avignon, l'œuvre de Claire Tabouret se déploie en majesté tout l'été. Des grands portraits d'enfants en groupe à la collection Lambert aux troublantes représentations d’êtres masqués de latex à l'église des Célestins, les personnages qui peuplent les toiles de l'artiste nous regardent, nous auscultent, nous sondent, comme autant de miroirs réfléchissant.
A Paris, le Centre culturel canadien célèbre l'art post-colonial de Kent Monkman dans une magistrale exposition où de grandes toiles de facture classique, s'inscrivant dans une histoire de l'art occidentale, sont détournées pour mieux interroger la domination qui sous-tend les rapports de race et de genre.
Pour sa première grande exposition en France, l'artiste autrichien Martin Beck compose une partition où se croisent des temporalités différentes, préoccupation majeure dans son travail. "Dans un second temps" rassemble des œuvres récentes aux formes changeantes et évolutives qui transforment les espaces d'expositions du FRAC Lorraine à Metz en une œuvre d'art à part entière.
Pour le festival des écoles de théâtre public, Tiago Rodrigues met en scène les étudiants de la HEADS de Lausanne dans seize lettres de rupture qui sont autant de variations pour seize comédiens, un voyage où rien ne se passe comme prévu. Drôle, poétique et kafkaïen, le conte se fait politique lorsque il évoque Lisbonne après la crise, où les touristes ont remplacé les habitants.
Artiste rare, figure majeure de l'hyperréalisme américain, John DeAndrea présente une dizaine de sculptures à la Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois. Pour sa première exposition parisienne depuis trente ans, il crée le trouble par la seule présence de ces corps sculptures. Ces leurres au réalisme confondant sont-ils des utopies ou des vanités?
Témoin d'un incident nucléaire dans les années soixante-dix, le photographe Robert Adams décide de documenter ce que pourrait être un désastre environnemental majeur. Publiée en 1983, la série « Our lives and our children », présentée actuellement à la Fondation Henri Cartier-Bresson, rend compte d'une Amérique en sursis, prise en étau entre consumérisme et catastrophisme.
A Alfortville, Gwenola Wagon et Stéphane Degoutin scrutent les métamorphoses du monde post-internet. Leurs films, réalisés par montage d'images glanées sur le web, inventent une nouvelle manière de penser la société. "Forêt thérapie" explore nos rapports à la nature et aux nouvelles technologies, questionnant notre place face à des systèmes de données de plus en plus performants.
À Besançon, le FRAC Franche-Comté revient sur l’oeuvre magistrale de l’artiste autrichien Lois Weinberger dont la démarche botaniste et écologue s’organise autour de la société des plantes, reflet de celle des hommes. « L’envers du paysage » revendique la libre circulation des mauvaise herbes pour mieux proclamer l'avènement de la société rudérale.
En ce printemps hautement symbolique, le Théâtre de la Bastille invite à la réflexion en réactivant le principe initié en 2016 par Tiago Rodrigues de penser autrement le théâtre en l’habitant. Cultivant l'incertitude, le bien nommé Collectif l'Avantage du doute occupe la Bastille, questionnant avec humour et poésie les futurs possibles d'une époque déroutante.
A la Galerie Sator, les dessins au réalisme troublant d'Eric Manigaud prennent le contre-pied des commémorations de mai 68. Revenant sur les exactions policières qui ensanglantèrent les manifestations algériennes de l'automne 1961 à Paris, il compose une tragédie de la honte rappelant que le souffle de la liberté n'est pas le même pour tous.