A Alfortville, Gwenola Wagon et Stéphane Degoutin scrutent les métamorphoses du monde post-internet. Leurs films, réalisés par montage d'images glanées sur le web, inventent une nouvelle manière de penser la société. "Forêt thérapie" explore nos rapports à la nature et aux nouvelles technologies, questionnant notre place face à des systèmes de données de plus en plus performants.
À Besançon, le FRAC Franche-Comté revient sur l’oeuvre magistrale de l’artiste autrichien Lois Weinberger dont la démarche botaniste et écologue s’organise autour de la société des plantes, reflet de celle des hommes. « L’envers du paysage » revendique la libre circulation des mauvaise herbes pour mieux proclamer l'avènement de la société rudérale.
En ce printemps hautement symbolique, le Théâtre de la Bastille invite à la réflexion en réactivant le principe initié en 2016 par Tiago Rodrigues de penser autrement le théâtre en l’habitant. Cultivant l'incertitude, le bien nommé Collectif l'Avantage du doute occupe la Bastille, questionnant avec humour et poésie les futurs possibles d'une époque déroutante.
A la Galerie Sator, les dessins au réalisme troublant d'Eric Manigaud prennent le contre-pied des commémorations de mai 68. Revenant sur les exactions policières qui ensanglantèrent les manifestations algériennes de l'automne 1961 à Paris, il compose une tragédie de la honte rappelant que le souffle de la liberté n'est pas le même pour tous.
Avec "Longwy Texas", Carole Thibaut raconte par l'intime le bassin minier lorrain en confrontant les souvenirs sublimés de la petite fille qu'elle était à l'implacable historicité des archives familiales. Dans ce récit de la fin d'un monde où la sidérurgie assurait la fortune locale, la domination masculine niait aussi aux femmes une existence propre. Bouleversant.
A Photo London, la galerie des filles du calvaire présentait une trentaine de Polaroids de la photographe Corinne Mercadier. Ces pièces uniques pour certaines inédites, furent réalisés entre 1987 et 2002. L’occasion de revenir sur ces instantanés qui ont été au cœur des compositions de l’artiste et qui tiennent encore aujourd'hui une place à part dans son imaginaire.
Depuis 2013, la Cie Sans la nommer raconte l'usine en confrontant la mémoire collective aux réalités des vécus individuels. De cette démarche théâtrale documentaire pensée en lien avec le quotidien des territoires abordés, deux formes courtes: "Usine vivante" et "Maothologie" sont présentées à Paris et en Ile-de-France, en mai. Loin des commémorations, la parole est aux ouvriers.
A Bruxelles, l'artiste afro-américain Kehinde Wiley présente un ensemble de cinq vitraux où il reprend à son compte l'iconographie chrétienne d’ordinaire dévouée aux puissants pour héroïser la communauté afro-américaine marginalisée dans la société américaine et énonce une critique politique de notre modèle sociétal tout en confessant son attrait pour les symboles de son pouvoir.
En posant un double regard sur l'antique cité d'Ithaque, Christiane Jatahy propose une lecture contemporaine de l'Odyssée d'Homère où les corps des héros se confondent avec ceux sans vie de migrants échoués sur les rives européennes de la Méditerranée, emportant avec eux les idéaux démocratiques hérités de la Grèce ancienne. Formellement, Jatahy n'en finit pas de nous transporter.
Au Théâtre de la Bastille, le danseur et chorégraphe espagnol Salva Sanchis tire sa révérence en rendant au corps son aptitude à l'intuition grâce aux pulsations d'une hypnotique musique techno. Création ultime, "Radical light" réussit la fusion des mouvements extatiques de la danse spontanée avec ceux, ultra-codifiés, de la danse formelle, exprimant ainsi le plaisir physique de danser.