Lauréate du Prix Drawing Now 2022, Karine Rougier est l’une des révélations de l’année. Son exposition personnelle, qui vient de s’achever à Drawing Lab, s’ouvre au collectif avec une infinie générosité. Dessin, gouache, aquarelle, films, dioramas, « Nous qui désirons sans fin » fait la part belle aux récits polyphoniques qu’une force tellurique rend éminemment vivants.
Quelque part dans le Finistère, le Secrétaire d’État à l’industrie est séquestré par les salariés d’un abattoir de poulets autour duquel se sont massés journalistes et forces de l’ordre. Anne-Laure Liégeois adapte « Des châteaux qui brûlent », le roman d’Arno Bertina paru en 2017 et met en scène un huis-clos improvisé dans lequel la lutte collective s’organise.
Le collectif Mind The Gap revisite le film d’horreur avec une persévérance remarquable. En mettant en jeu les mécanismes et procédés de fabrication du film de genre, la pièce met à nu la violence en même temps qu’elle la tient à distance. « J’aurai mieux fait d’utiliser une hache » explore jusqu’à l'absurde et avec beaucoup d’humour notre fascination macabre pour le crime.
Alors qu’une troupe de théâtre répète des scènes issues des Nouvelles fantastiques d’Anaïs Nin, chacun va tenter de convoquer son fantôme. Spectacle sur la rencontre, « Anaïs Nin au miroir », mis en scène par Élise Vigier sur un texte d’Agnès Desarthe, transcende le temps pour composer une mise en abime permanente entre les comédiens et l’écrivaine.
Rébecca Chaillon ravive le souvenir cruel de ses années de collège et compose une première pièce pour adolescents à la façon du spectacle qu’elle aurait voulu voir à l'époque. Servie par quatre jeunes comédiens formidables, « Plutôt vomir que faillir » transporte le public au cœur du réel adolescent pour interroger, entre douceur et violence, l’intime en construction. Magnifique.
À Lausanne, la Collection de l’Art Brut accueillait l'exposition « Art Brut et Bande dessinée ». En rapprochant ces deux expressions artistiques n’ayant de prime abord rien en commun, l’institution vaudoise démontre au contraire que nombre d'auteurs d’Art Brut se sont emparés des codes et de l’imagerie de la bande dessinée en les remodelant pour mieux les intégrer à leur imaginaire personnel.
À Saint-Gaudens, la Chapelle Saint-Jacques expose l’art du plasticien colombien Andrés Baron dont les œuvres filmiques à la picturalité assumée déconstruisent les clichés en les exacerbant. « Calcomanias » fait état d’une œuvre dans laquelle l’artiste invente son propre territoire, ouvrant ses dispositifs à la collaboration pour mieux se frotter à l’altérité.
Reprise presque vingt ans après sa création au Théâtre de la Bastille de « Mes jambes, si vous saviez, quelle fumée... ». Inspirée de l’œuvre photographique et de la vie de Pierre Molinier, la pièce de Bruno Geslin est un hommage jubilatoire, sensible et sensuel à l’artiste bordelais divinement interprété par Pierre Maillet. Un ravissement.
[ Rediffusion] Le musée d’art et d’histoire de Genève expose ses paysages des Alpes, objets d’étude autant que sujets picturaux depuis la fin du XVIIIème siècle. « La montagne en perspective » est un hommage aux peintres dont les approches, différentes selon les époques, en orientent notre perception. Hier immuable et éternelle, aujourd’hui fragile et menacée, la montagne continue de fasciner.
Avec « Grief and Beauty » et « Familie », les deux premiers opus de sa trilogie de la vie privée, l’auteur et metteur en scène suisse, qui revendique une dramaturgie ancrée dans le réel, propose une plongée dans l’intime pour mieux nous inviter à regarder la mort en face. Si certains l’abordent comme une réalité, d’autres préfèrent la fiction.