25 mai 2018

Agrandissement : Illustration 1

Nantes et sa région ont une belle tradition de lutte de classe, comme l’illustre l’affiche ci-contre appelant à résister au coup d’Etat du 13 Mai 1958, et comme déjà montré dans deux articles de cette série (8 mai 68: « L’Ouest veut vivre » et 14 mai 68: La journée d'action ne s’arrête pas comme prévu…). Le terme de « Commune de Nantes » est toutefois très exagéré. A aucun moment le Comité Central de Grève, installé dès le 24 mai, ne contrôle l’appareil d’Etat. Rien à voir avec la « Commune de Paris ». Pour exercer un quelconque pouvoir, au demeurant plus qu’éphémère comme la « Commune de Paris », il fallait que le coeur de l’appareil d’Etat, ses bandes armées, soient dispersées, puis démantelées.
Comme détaillé dans l’article de cette série consacré à la journée du 14 mai, la grève avec occupation et séquestration du directeur de Sud-Aviation est le fruit d’une longue lutte dans cette entreprise. Mais c’est tout Nantes et sa région qui sont entrés très tôt dans la danse. Le 6 mai 1967, un groupe d’étudiants libertaires proches des situationnistes, comme à Strasbourg, prend la tête de l’AGEN (Association générale des étudiants nantais, UNEF). Le 14 février 1968, les étudiants occupent le rectorat et 45 étudiants sont interpellés. Puis, déjà en grève, ils participent très nombreux à la journée et manifestation « L’Ouest veut vivre » du 8 mai 1968. A l’issue de la manifestation du 13 mai, massive comme ailleurs, la préfecture est criblée de projectiles.
Depuis les manifestations et affrontements massifs du 24 mai, le préfet s’est barricadé dans la préfecture, où la majorité des employés sont en grève. Une partie de la municipalité s’est déclarée démissionnaire. La police ne sort plus de son trou. Le 25 mai, le comité central de grève (CCG, en fait l’intersyndicale CGT-FO-CFDT), installé la veille à la Mairie commence à exercer son autorité dans la ville. Elle consiste plus précisément dans la gestion, pendant 15 jours, des bons d’essence, de contrôle des prix du ravitaillement des quartiers populaires, de services tels que les pompes funèbres ou l’état civil.

Le 27 mai, le CCG organise un défilé de 50 000 personnes. Le 31, alors que gouvernement et directions syndicales ont sifflé la fin du mouvement, et que la droite envahit les rues, 30 000 personnes encore répondent encore à son appel. Mais le 3 juin, il évacue l’hôtel de ville et s’installe au siège des syndicats d’agriculteurs, en perdant ses principales fonctions.
René Palvadeau, alors responsable UD CFDT Loire Atlantique parcourt ici les grand moments de Nantes en 68. Jacques Willemont, l'auteur de "La reprise du travail aux usines Wonder", a dirigé ici sa caméra vers les paysans et les ouvriers qui, à Nantes en 68, et montré ce que pouvait être une société plus juste.
Dans le même temps….

"Dany Le-Rouge" avait fait savoir qu’il regagnerait la France, malgré l’arrêté d’expulsion. Dès que la nouvelle de l’arrivée de Daniel Cohn-Bendit à Forbach est annoncée, environ 200 CRS prennent position à la frontière et du côté allemand l’équivalent, soit la Bereitschaft Polizei, avec en plus, des chiens et un réseau de barbelés…Il apparaitra plus tard, à la Sorbonne, malgré la chasse policière.
Le même jour…
- à 15 heures, Georges Pompidou, ouvre au Ministère du Travail, rue de Grenelle, la première séance de négociations, en présence du patronat (représenté par le CNPF, dont le président est P. Huvelin) et les syndicats CGT, CFDT, FO, CFTC et CGC. Les syndicats indiquent que les pourparlers qui sont en train de s’ouvrir ne concernent que des revendications générales, et que tout texte d’accord devra être complété par des conventions collectives à tous les niveaux. La CGT pose comme préalable l’abrogation des ordonnances sur la Sécurité sociale d’août 1967. Elle reculera. La CFDT ajoute un second préalable, le dépôt immédiat d’une loi fondamentale « sur l’exercice des libertés et du pouvoir syndical dans les entreprises ».
- André Barjonet, expert économique de la CGT, démissionne de celle-ci et du PCF et adhère au PSU
- Italie : Affrontements entre la police et des ouvriers à Trente, lors d’une grève chez Michelin. L’entière Commission interne est arrêtée, ainsi que des étudiants. Une manifestation obtient immédiatement la libération des personnes arrêtées. La CGIL et la CISL annoncent une grève générale le 29/7.
- Allemagne de l’Ouest : L’agitation reprend dans les universités allemandes, contre les lois exceptionnelles. Les étudiants demandent aux syndicats de déclarer la grève générale.
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50 ans plus tard...
- Mai 68 : quand Billancourt refusa les accords de Grenelle
- Mai 68, c'était aussi dans l'Église-La Croix
- Mai 68 côté Police - Le Moment Meurice
- 24 mai : la nuit la plus violente de mai 68- Libération
- Maurice Brossaud se souvient de mai 68 à Louviers
- "un sentiment subversif et en même temps de la gravité, parce que le salaire ne tombait plus à la maison" - LCI
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Ma série « 1968 »
- La Première partie « Mise en jambes »: 37 articles à consulter ici
- Articles déjà publiés dans La Deuxième partie couvrant Mai et Juin, « La plus grande grève générale en France »:
- 1 Mai 68: la combativité ouvrière est confirmée
- 2 Mai 68: Nanterre est fermé
- 3 mai 68: les cinq erreurs du préfet de police Grimaud
- 4 Mai 68: Heurts et malheurs de "Groupuscules dirigés par un anarchiste allemand"
- 5 mai 68: un dimanche pas comme un autre
- 6 Mai 68: « Libérez nos camarades »
- 7 mai 68: L'Assemblée nationale, l’Elysée ? Du théâtre, du cinéma !
- 8 mai 68: « L’Ouest veut vivre »
- 9 mai 68 : les travailleurs de la Wisco, premiers occupants victorieux
- 10 mai 68: « Nuit des barricades »
- 11 mai 68: Pompidou à la manoeuvre
- 12 mai 68 : joyeusetés de la parano policière
- 13 mai 68: si les étudiants ont pu, les travailleurs peuvent plus encore
- 14 mai 68: La journée d'action ne s’arrête pas comme prévu…
- 15 mai 68: Renault Cléon entre en action
- 16 mai 68: Billancourt et tout Renault basculent
- 17 mai 68: avec les cheminots, la grève générale sur les rails
- 18 mai 68: 13 000 femmes entrent en action aux Chèques Postaux
- 19 mai 68: Cannes a l’eau
- 20 mai 68: usines, bureaux et universités libérés
- 21 mai 68: ORTF et fonctionnaires dans la danse
- 22 mai 68: appel a retourner les fusils contre le régime
- 24 mai 68: Face au plébiscite, la plus longue nuit de barricades