« Nous voulons des livres, des films qui agissent sur nous comme des corps, mille fois mieux que des corps, comme des corps vivants. » (Alban Lefranc)
« Plus on s'affronte à une construction1
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littéraire, plus on peut déplacer les perceptions courantes, les manières de voir, et plus les conséquences sont politiques. » (Édouard Louis, à propos d'En finir avec Eddy Bellegueule)
« Je ne sais pas ce que c'est un livre. Personne ne le sait. Mais on sait quand il y en a un. » (Marguerite Duras)
Dans sa pièce de théâtre La Conférence, Christophe Pellet donnait libre cours à une pensée critique sans concession. C’est cette pensée que nous retrouvons dans l’essai qu’il publie au cœur de la mêlée d’une rentrée littéraire à jamais marquée par « l’esprit français » qu’il fustigeait. Mais il s’agit d’une critique plus large et plus glaciale, plus profonde et moins colérique, à l’image du titre « oxymorique » : comment la contemplation peut-elle être subversive ?
La langue, notre langue de tous les jours, ne va pas bien. Sous le coup des mails, des sms et des tweets, sa forme écrite connaît des simplifications inquiétantes qui vont bien au-delà d’une évolution normale. On coupe, on abrège, on réduit. Et nombreux sont ceux qui en chemin perdent l’usage de certains éléments du code linguistique.
Comment fonctionne le pouvoir, comment parle-t-il, et de quel monde ? Ce sont les questions qui traversent le roman de Mathieu Larnaudie, Acharnement. Il s’agit moins pour l’auteur d’analyser les discours politiques ambiants que d’interroger le langage en tant que dispositif du pouvoir, en particulier du pouvoir politique. Dans le champ politique, le langage n’est pas simplement un moyen d’exprimer des idées, de conquérir et diriger l’Etat ou l’opinion : l’agencement du pouvoir politique et du langage fait que celui-ci devient un dispositif incluant un type particulier de rapport aux autres et au monde.
Par Dominique Bry
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Face au concert de louanges adressées à Aurélien Bellanger avant et depuis la parution de La Théorie de l’information (Gallimard 2012), peut-on dire du mal de son livre ? Oui. On le peut.
« Sur le bateau nous étions presque toutes vierges » : « nous », ces femmes japonaises – « certaines n’avaient que quatorze ans et c’étaient encore des petites filles » – qui traversent le Pacifique vers la Californie où les attendent leurs « fiancés », des hommes qu’elles n’ont jamais rencontrés. On est au tout début du XXe siècle. Masayo, Mitsuyo, Nobuye, Kiyono (et tant d'autres rassemblées dans ce « nous ») rêvent de vies nouvelles, d’amour, les photos envoyées au Japon ont fait naître l’espoir.
Roger Federer est le sujet du dernier volet de notre série estivale J.O. du livre, avec son palmarès qui se compte aussi en titres de romans. Parmi ces titres, le superbe texte d'Arno Bertina, Je suis une aventure, dont Jean-Philippe Cazier propose, pour le Bookclub, une lecture autre.
L’Art du jeu est un roman singulier : le premier d’un écrivain, Chad Harbach (qui a mis dix ans à l’écrire), jusqu’ici davantage connu pour être le cofondateur et rédacteur en chef d’une revue culte, n + 1 (littérature, culture, politique). Le roman paraît en 2011 aux Etats-Unis, encensé par la critique comme par d'autres auteurs et non des moindres (Franzen, Irving, McInerney), il est traduit dans 18 pays et sera adapté par HBO. Un roman phénomène, donc.