« Nous voulons des livres, des films qui agissent sur nous comme des corps, mille fois mieux que des corps, comme des corps vivants. » (Alban Lefranc)
« Plus on s'affronte à une construction1
…
littéraire, plus on peut déplacer les perceptions courantes, les manières de voir, et plus les conséquences sont politiques. » (Édouard Louis, à propos d'En finir avec Eddy Bellegueule)
« Je ne sais pas ce que c'est un livre. Personne ne le sait. Mais on sait quand il y en a un. » (Marguerite Duras)
Le Film des questions, de Frank Smith, se rattache à un film qui n’existe pas encore et à une réalité qui n’existe plus (une série de crimes). Le livre se tient entre le passé d’un fait-divers et le futur d’un film ayant pour objet ce même fait divers.
Nous sommes en pleine Coupe du monde de foot, si vous ne le saviez pas. Des matchs retransmis sur les écrans de chaque pays depuis des semaines. Des foules surexcitées dans les stades érigés aux quatre coins du Brésil ; des groupes délirants de passion nationale ou nationaliste dans nos villes. De très beaux moments de football (ah ! la Hollande avec ses Robben et ses Van Persie, quels artistes !). Mais l’ennui aussi à longueur de rencontres.
Le lecteur est tout d’abord sensible à la forte charge émotionnelle que produit sur lui le roman d’Agnès Verlet, émotion que fait naître d’emblée l’Avant-dire, en tant que bouleversant "Tombeau des Tanenboim", que le récit va déployer sur le double registre du roman familial et de la thématique de l’enfant caché.
En 1987, Jerome Charyn crée le personnage de Sidney Holden. Le tueur professionnel au passé trouble revient quatre ans plus tard dans un nouveau roman avant de disparaître jusqu’à ce nouvel épisode, A la mort subite, du nom de la célèbre brasserie bruxelloise, « idéal comme nom, tu ne trouves pas ? »
« Ceci devrait être écrit au présent. Je n’ai pas écrit ». Il est rare de pouvoir citer la dernière phrase d’un roman dans un article : cela peut tuer le suspens (si tant est que le suspens soit le seul intérêt d’un livre…) ou donner des clés qui anticipent les lectures à venir.
Dans Chronique d’hiver, Paul Auster revenait sur son passé, sous l’angle du corps, d’un « catalogue de données sensorielles » : plaisirs, douleurs, cicatrices, sexe, tout ce qu’une peau, une chair révèlent d’une vie, la manière dont elles peuvent en tenir la chronique, de la naissance à la mort puisque « c’est là, dans ton corps, que toute l’histoire commence, et c’est là aussi, dans ton corps, que tout se terminera ». Excursions dans la zone intérieure est le second volet de cette exploration, cette fois mentale.
«Quand j’aurai un million de bisons à mes côtés, j’irai présenter les réclamations d’une nouvelle nation au gouvernement américain (…). Une fois par siècle, vient un homme choisi pour parler au nom de son peuple. Qui peut dire que je ne suis pas un de ces hommes ?» (Mémoires d’un bison, premier tome des mémoires d’Oscar Zeta Acosta – Tusitala 2013). Nous avions quitté Oscar Zeta Acosta, avocat d’Hunter S. Thompson, sur cet air de lendemains qui chantent l’émancipation des chicanos à grands renforts d’insurrection politique.
Le récent livre de Christine Angot est en décalage par rapport aux romans antérieurs de l’auteure. Il part d’un beau titre presque affectueux, La Petite Foule, et se poursuit avec des portraits de personnages d’une vive acuité. En une page ou deux bien souvent, une vie se résume, un “caractère” s’avoue sans que soit porté de jugement.
Le 30 mai 1968, un énorme cortège remontant les Champs-Élysées prétendit mettre fin à la « chienlit » des semaines précédentes. Il était surtout gaulliste mais toutes les droites s’y retrouvaient. À cette occasion, Paris Match publia deux photos en contraste. Sur l’une, on voyait une belle fille défilant dans une manif étudiante et arborant un drapeau rouge, sur l’autre, une belle fille défilant sur les Champs et brandissant le drapeau français.