« Nous voulons des livres, des films qui agissent sur nous comme des corps, mille fois mieux que des corps, comme des corps vivants. » (Alban Lefranc)
« Plus on s'affronte à une construction1
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littéraire, plus on peut déplacer les perceptions courantes, les manières de voir, et plus les conséquences sont politiques. » (Édouard Louis, à propos d'En finir avec Eddy Bellegueule)
« Je ne sais pas ce que c'est un livre. Personne ne le sait. Mais on sait quand il y en a un. » (Marguerite Duras)
Ancien toxico et ancien claviériste de Marc Almond ou Brian Jonestown Massacre, Tony O’Neill a délaissé la drogue pour l’écriture. Son nouveau roman, Black Néon, s’inscrit dans la droite ligne de ses précédents : brutal, sombre et profondément humain. Tony O’Neill parle sans langue de bois ni faux-semblants. Enfin un discours intelligent sur les psychotropes…
Feu pour feu est le roman d’un exil multiple : celui d’abord d’un père, contraint de quitter son pays pour le « Continent Blanc », après un massacre d’une rare violence qui ouvre le livre de Carole Zalberg. Des « heures à faire le cadavre au milieu des cadavres », arracher son bébé au charnier, tout laisser derrière soi, les morts, le deuil, une vie, un avant qui le poursuivra à jamais.
Dans une de nos récentes chroniques (lire ici), Nathalie Heinich nous disait que le temps de « l’art moderne » était largement révolu. Place, disait-elle, à ce que l’on appellera, faute de mieux, « l’art contemporain », au sein duquel l’acte de peindre a quasiment disparu au profit d’installations et de montages divers.
Métaphysique d’Alien, sous la direction de Jean-Clet Martin, rassemble les essais de dix philosophes autour de la tétralogie initiée en 1979 par le célèbre film de Ridley Scott, à laquelle il faut ajouter Prometheus, du même réalisateur, sorti en 2012, présenté comme une préquelle.
Un homme écrit à sa femme depuis un pénitencier. « Mon avocat dit que je dois tout raconter ». Le roman, à la première personne du (hautement) singulier, sera ce « document » qui est aussi une longue « supplique ». « Ce qui suit est le journal de notre errance, à Meadow et moi, depuis notre disparition ».
Jean-Eric Boulin a fait irruption sur la scène littéraire en 2006, avec un Supplément au roman national en rupture avec nombres de codes compassés et frileux. Le compromis comme la prudence sont des mots inconnus de sa prose nerveuse et politique. La littérature française ? Il ne s’y reconnaît pas. La France ? « le pays le plus triste du monde », un pays qui se meurt de ses peurs. Tout passe au crible de son énergie, la presse, les élites, Hollande, la classe politique dans son ensemble et cette société française, repliée sur un passé mal digéré.
“Supportant mal que les lois israéliennes m’imposent l’appartenance à une ethnie fictive, supportant encore plus mal d’apparaître auprès du reste du monde comme membre d’un club d’élus, je souhaite démissionner et cesser de me considérer comme juif. ” (p. 134). Ainsi s’exprime avec une rare résolution Shlomo Sand, professeur d’histoire à l’université de Tel-Aviv et intellectuel de haut rang.
L’écriture d’Hervé Guibert est en partie liée au passé : le reconstituer, retrouver sa trame, la « trace merveilleuse » d’un secret, le rendre présent. Parmi les événements réels mis en récit dans sa vaste entreprise de fictionnalisation du moi, l’enfance à La Rochelle, la passion du théâtre à « la Croco », Philippe.
On se souvient longtemps des moments cruciaux où on a pris conscience de l’absurdité des choses. Généralement, cela advient dans un moment d’absence : quand la pensée laissée sans surveillance prend la liberté d’errer un peu plus loin. Je me souviendrai d’Aujourd’hui l’abîme comme de ce jour où, assise à côté du hublot dans ce Boeing au départ d’Orly, j’observais l’aile gauche de l’avion dont l’image vacillait sous les gaz.
Il n’est pas nécessaire d’être croyant pour sacraliser la Bible. En effet, l’incroyant qui se revendique comme tel balaie bien souvent d’un revers de la main l’ouvrage comme étant un objet dans lequel il ne mettra jamais le nez. Cette réaction emportée participe à la sacralisation de la Bible car cela renforce le halo de mystère l’entourant, halo non moins obscurantiste qu’une croyance sans nuance.