Comment cette société-ci accueille-t-elle la folie? Par la peur et le bannissement? Les prisons comptent près d'un quart de détenus qui souffrent de troubles psychiques et le projet de loi sur la rétention1
… de sûreté devrait prolonger indéfiniment la détention de ceux que l'institution jugera dangereux (pour qui? pour eux même ou pour la société?). Cette édition se veut le lieu du débat, et pourquoi pas, des propositions d'action.
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Contes de la folie ordinaire

À propos de l'édition
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Édition Contes de la folie ordinaire
LES ENSEIGNEMENTS DE LA FOLIE (17) : Un feuilleton «dangereux»
Clinique de Dostoïevski : Crime et châtiment (2/20) Raskolnikov : le temps de l’insomnie La réalité en tant que telle n’a pas de prise sur le héros tragique dostoïevskien. Ce qui compte toujours c’est l’interprétation, le sens, que lui donne le héros – interprétation et sens souvent très contaminés par l’état émotionnel qui est le sien à ce moment-là. Même la biographie du personnage, pourtant parfois déterminante (comme, par exemple, dans les Frères Karamazov) ne renvoie jamais à une temporalité ni ne donne les causes du drame vécu. Ces causes sont toujours le combat pour affirmer une pensée en dehors de toute garantie divine. De ce point de vue, le combat engagé tranche avec tout ce qui existait avant et, comme c’est un combat inédit, rien ne permet de prévoir la suite. Le héros tragique dostoïevskien ne connaît pas le temps linéaire ; il ne se réfère pas à un avant et il ne connaît pas non plus un déroulement. Il est en permanence insomniaque, suspendu à l’instant qu’il traverse, en permanence en crise avec tout, en conflit. C’est certainement pour cela que l’on lit toujours Dostoïevski comme un roman policier : une crise appelle et implique un dénouement, une solution. Seulement, voilà, ici la crise est la figure singulière de la bataille que mène chaque homme pour exister dans un monde abandonné par Dieu. Figure singulière de cette bataille maintenant incontournable, chaque héros tragique dostoïevskien, coupé du temps et immobilisé dans sa manière de vivre son combat pour changer le cadre de pensée existant, devient le personnage d’un mythe dans l’Olympe de la modernité. Ce qu’on appelle, d’ailleurs, le personnage dostoïevskien. -
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LES ENSEIGNEMENTS DE LA FOLIE (16) : Un feuilleton «dangereux»
Clinique de Dostoïevski Crime et châtiment (1/20) Raskolnikov Wood Allen a écrit quelque part : si Dieu existe il faudra qu’il ait une bonne excuse. Cette phrase a derrière elle plus d’un siècle et demi de travail de pensée dans l’institution de la culture. C’est par cet angle que je commencerai à aborder le roman Crime et châtiment sur lequel nous travaillerons maintenant. -
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Psychiatrie: une autre politique est possible
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Édition Contes de la folie ordinaire
nous ne sommes pas toutes et tous ici
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LES ENSEIGNEMENTS DE LA FOLIE (15) : Un feuilleton «dangereux»
Clinique de Dostoïevski Dernier épisode de l’homme du sous-sol : le pire Je disais hier que le pire peut donc avoir lieu. C’est ici qui prend toute sa place l’essai remarquable que Leslie Kaplan a fait sur ce texte. Familière de la psychanalyse, elle démontre l’universalité du personnage, glisse sur les aspects défensifs et formule en quoi consiste l’expérience du meurtre : la trahison d’une promesse faite à l’enfant. Formulation qui peut s’appliquer au trauma en général, tout traumatisme renvoyant à la trahison de ceux qu’on aime, de ceux à qui on a donné, avec la générosité d’un enfant, toute notre confiance. (Je vous rappelle ce que disait l’homme du sous-sol sur Lisa au moment de la quitter au bordel : «Maintenant son regard était doux, suppliant et, en même temps, confiant, tendre, timide. Tel est le regard des enfants qui aiment beaucoup quelqu’un et lui demandent quelque chose.») -
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LES ENSEIGNEMENTS DE LA FOLIE (14) : Un feuilleton «dangereux»
Clinique de Dostoïevski : l’homme du sous-sol le pervers et son discours Hier je faisais remarquer que l’homme du sous-sol se propose à la place d’un père aimant. Or, ceci n’est jamais dit – explicitement. Remarquons donc que le pervers sait formidablement bien manier les effets de discours. Rien n’est dit de manière manifeste – donc il ne peut être tenu pour responsable d’aucune parole engagée – mais un message est transmis, ses effets attendus. -
Édition Contes de la folie ordinaire
LES ENSEIGNEMENTS DE LA FOLIE (13) : Un feuilleton «dangereux"
Clinique de Dostoïevski : l’homme du sous-sol l’expérience du meurtre Lorsqu’il arrive au bordel, l’homme du sous-sol est dans une scène de meurtre. Tuer ou être tué, le duel, les vêtements trempés de neige, l’agitation extrême, le visage répugnant. C’est comme cela qu’il rencontre Lisa, qui fait la prostituée, dans la pièce même où il pensait régler leur compte à ses anciens condisciples. -
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LES ENSEIGNEMENTS DE LA FOLIE (12) : Un feuilleton «dangereux»
Clinique de Dostoïevski : l’homme du sous-sol le ridicule On peut dire que déjà à l’époque des faits qu’il nous raconte dans la deuxième partie du récit, il a 24 ans donc, celui qui deviendra l’homme du sous-sol, est coupé du monde, ignorant des codes sociaux et … incapable de colère. La colère glisse vite vers la haine, et comme à cette époque la haine n’est pas encore intégrée au Moi, son émergence doit être maquillée par des artifices grossiers, par des formations réactionnelles absurdes et inadéquates. C’est cette inadéquation qui rend ridicule le personnage. Le ridicule tient toujours à l’échec du camouflage. Cet échec laisse en évidence les affects qu’il veut étouffer. Cette dysharmonie contribue aussi aux sentiments de pénibilité associés à celui du ridicule : la dysharmonie révèle comment le sujet est inapte à manier le conflit, comment le conflit l’encombre, ou le submerge ou le paralyse. -
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LES ENSEIGNEMENTS DE LA FOLIE (11) : Un feuilleton «dangereux»
Clinique de Dostoïevski : l’homme du sous-sol les changements d’humeurs L’homme du sous-sol écrit à la fin de la première partie de son récit : « Parmi les souvenirs que chacun de nous possède, il en existe que l’homme ne consent même pas à s’avouer à lui même. (…) Moi, en tout cas, il n’y a pas très longtemps que je me suis décidé à me ressouvenir de certaines de mes aventures ; jusqu’ici je les évitais, et non sans une certaine inquiétude. » - Bref, nous avions été prévenus : la deuxième partie contient le refoulé de la première, ce qui existait avant que la haine ne prenne toute la place, ne vienne tout ordonnancer. Nous allons donc, ensemble, la parcourir. -
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LES ENSEIGNEMENTS DE LA FOLIE (10) : Un feuilleton «dangereux»
Clinique de Dostoïevski : l’homme du sous-sol l’après-coup La deuxième partie du récit a comme titre À propos de la neige fondue. Elle commence par un exergue, des vers d’un poème de Nekrassov. Je le cite in extenso, comme il est donné dans la traduction de J.W. Bienstock, revue par Hélène Henry. Cet exergue révèle qu’après la rencontre avec Lisa, qui fait la prostituée, rien ne peut plus être pareil, qu’elle hantera pour toujours l’homme du sous-sol, comme un spectre, qu’elle le rongera, comme un cancer généralisé. Voici le fragment du poème :
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