« Nous voulons des livres, des films qui agissent sur nous comme des corps, mille fois mieux que des corps, comme des corps vivants. » (Alban Lefranc)
« Plus on s'affronte à une construction1
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littéraire, plus on peut déplacer les perceptions courantes, les manières de voir, et plus les conséquences sont politiques. » (Édouard Louis, à propos d'En finir avec Eddy Bellegueule)
« Je ne sais pas ce que c'est un livre. Personne ne le sait. Mais on sait quand il y en a un. » (Marguerite Duras)
Si vous êtes un adepte de la série Bored to death, cultissime parangon de l’humour dépressif et du spleen ironique, le nom de Jonathan Ames ne vous est pas inconnu.
En 1989, dans Mythes, emblèmes, traces, l’historien italien Carlo Ginzburg se risquait à un rapprochement étonnant entre psychanalyse et roman policier, nés tous deux au tournant des XIXe et XXe siècles. De concert, montrait-il, Sigmund Freud et Conan Doyle avaient ouvert à un nouveau paradigme, indexé sur toute forme de trace: le lapsus d’un côté, l’indice de l’autre s’y révélaient, façon indirecte mais judicieuse d’atteindre au sens ou à la vérité. Le sociologue Luc Boltanski reprend la question dans son passionnant Énigmes et complots, récemment paru.
« Il dit qu’il n’y avait pas entre les humains la même communion qu’entre les chevaux et que l’idée même qu’il serait possible de comprendre les hommes était sans doute une illusion. »
Ingrid Galster, qui a consacré l'essentiel de ses travaux aux deux auteurs, à leur vie et à leur œuvre, a lu Et la fête continue. La vie culturelle à Paris sous l’Occupation, d'Alan Riding. Elle explique ici ses réticences envers un ouvrage au lectorat planétaire et qui «s’intéresse à la dimension “people” de l’histoire et à des anecdotes superficielles au lieu de suivre une argumentation compliquée».
On peut s’asseoir avec lui sous le cèdre, ou pas du tout. On l’écoute ou on le quitte. L’éclaircie est conversation, agaçante parfois, passionnante le plus souvent, capricieuse, savante, avec digressions et plongées dans le noir. Celui des yeux de Lucie, d’Anne la sœur disparue, de Berthe Morisot chez Manet. « « On arrive, ou pas, à jouer jusqu’au bout son enfance ».Belle ambition, à laquelle Sollers oeuvre de livre en livre.
Il est des romans qui sont de vraies aventures de l’écriture. Fragiles et incertains d’un côté. Résolus et prenant tous les risques de l’autre. Ils tâtonnent, donnent l’impression de ne savoir où aller mais s’avèrent bientôt déterminés dans leur progression. Ainsi du beau récit que vient de donner Caroline Lamarche avec La Chienne de Naha.
Elle appelle ça, les Nouvelles du réel. C'est une belle expression et c'est une expression juste. Car les 44 histoires choisies par Sonia Kronlund pour son livre Les Pieds sur terre, Nouvelles du réel (ed. Actes Sud) donne des nouvelles de la France de 2002 à d'aujourd'hui.
Pour Dominique Meyer-Bolzinger, Sherlock Holmes a ce coup d’œil tout médical, qui perce à jour le symptôme ou l’indice. Le bon docteur Watson, lui, joue tout son rôle en narrant les enquêtes. Derrière quoi, il y a l’anatomo-clinique et Freud.