« Nous voulons des livres, des films qui agissent sur nous comme des corps, mille fois mieux que des corps, comme des corps vivants. » (Alban Lefranc)
« Plus on s'affronte à une construction1
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littéraire, plus on peut déplacer les perceptions courantes, les manières de voir, et plus les conséquences sont politiques. » (Édouard Louis, à propos d'En finir avec Eddy Bellegueule)
« Je ne sais pas ce que c'est un livre. Personne ne le sait. Mais on sait quand il y en a un. » (Marguerite Duras)
Que subsiste dans nos sociétés toute une violence physique faite aux femmes, on le sait bien mais pas encore assez. Que cette même violence connaisse des expressions symboliques multiples et s’érige en système aliénant exige tout autant d’être pris en compte et dénoncé. Et ce parce que cette violence seconde, souvent insidieuse, prend aujourd’hui des formes particulièrement destructrices.
Avant de disparaître était le titre du dernier roman de Xabi Molia (Seuil, 2011). On y pense en ouvrant ce Grandeur de S, sous-titré 2007-2012, dates de pierre tombale, cinq années d’observation d’un quinquennat en poèmes.
The Believer, c’est bien sûr la cultissime revue mensuelle américaine lancée en 2003 par McSweeney’s : refus de formater les papiers, longueur non imposée, appel aux plus grands écrivains, croisement des pratiques artistiques. Le Believer est désormais disponible en version française, éditée par Inculte. Indispensable.
Un Rideau d’arbres est ce que l’on nomme communément un « beau livre » : couverture cartonnée épaisse, reliure, photographies à la reproduction impeccable, papier glacé. Il est pourtant consacré à une cité sinistrée Libercourt, dans le Pas-de-Calais,
Claude, maître d’hôtel d’un très chic restaurant français de New York, déclare à son hôte : « Monsieur Karoo, c’est merveilleux de vous revoir ». Vous revoir, ou vous découvrir : merveilleux, oui. Il est indispensable de lire Karoo.
Publié en 2011, repris début 2012, Pour éviter le krach ultime, de Pierre Larrouturou, a fait quelque bruit. Un économiste de gauche n’y allait pas de main morte. Il osait dire que la croissance espérée ne viendrait pas et qu’en conséquence le chômage qui détruit lentement nos sociétés n’allait faire que croître ; il allait jusqu’à soutenir tout ensemble que la planète courait vers une crise de plus en plus grave –qui n’excluait pas un risque de guerre– mais qu’il y avait des solutions et que, si on avait le courage politique de prendre des mesures ad hoc, une nouvelle ère était possible.
« Je suis issu d'un peuple nomade et j'ai appris à maîtriser la culture occidentale. Je me considère donc comme un pont liant l'Est et l'Ouest », annonçait en 1994 déjà Galsan Tschinag, écrivain mongol de langue allemande.
Sur les chaînes de télé, on peut encore voir de temps à autre un feuilleton policier intitulé Une femme d’honneur. L’héroïne en est une adjudante-chef de la gendarmerie qui dénoue les affaires les plus difficiles et fait son métier avec grande vaillance. Femme d’honneur pour autant? C’est un bien grand mot à propos de quelqu’un qui ne fait qu’accomplir parfaitement son travail.