« Nous voulons des livres, des films qui agissent sur nous comme des corps, mille fois mieux que des corps, comme des corps vivants. » (Alban Lefranc)
« Plus on s'affronte à une construction
…
littéraire, plus on peut déplacer les perceptions courantes, les manières de voir, et plus les conséquences sont politiques. » (Édouard Louis, à propos d'En finir avec Eddy Bellegueule)
« Je ne sais pas ce que c'est un livre. Personne ne le sait. Mais on sait quand il y en a un. » (Marguerite Duras)
En 2002, Daniel Lindenberg publiait au Seuil un ouvrage rapidement bouclé et intitulé Le Rappel à l’ordre. Enquête sur les nouveaux réactionnaires. Cette appellation, abrégée en néo-réactionnaires, allait demeurer.
Elle a 17 ans et que personne ne vienne lui dire qu’elle n’est pas sérieuse. Il en a 55 et le communisme à sauver. Dans la Bulgarie des dernières années 80, la fin d’un monde s’approche pourtant un peu plus chaque jour.
Un historien britannique, Sudhir Hazareesingh, dont nous avions naguère ici évoqué le remarquable Mythe gaullien, consacre un gros volume à ce « pays qui aime les idées », la France. C’est un livre excitant même s’il rappelle beaucoup de faits familiers à nous tous.
Jacques Lacarrière, qui fut tour à tour homme de théâtre, journaliste, puis écrivain, est surtout connu comme spécialiste de la Grèce, pays auquel il a consacré beaucoup de son temps, de son énergie, de sa passion et la majeure partie de son œuvre. Disparu en 2005, à l’aube de ses quatre-vingts ans, il aurait été un témoin privilégié et un défenseur acharné de la Grèce et des Grecs, dans les circonstances actuelles.
Dominique Conil a aimé le dernier Angot, Un amour impossible, et l’a dit dans nos colonnes. Dans Le Monde de vendredi dernier, Jean Birnbaum salue le même livre avec ferveur et parle de « roman d’une libération ». Dans son ensemble, la critique fait de cet ouvrage de la rentrée un événement majeur. Et pourtant, toute une partie de l’opinion reste violemment hostile à ce qu’écrit Christine Angot, se montrant si haineuse envers elle (voir certains commentaires adressés à l’article de Dominique C.) que l’on s’interroge sur ce rejet, un rejet qui épargne d’autres romanciers qui pourraient donner prétexte à un refus semblable.
On parlera ici d’un magnifique ouvrage paru il y a quelques mois. Intitulé Ceci n’est pas qu’un tableau, il est de Bernard Lahire, professeur de sociologie à l’E.N.S, et est consacré à un objet inattendu, le grand et beau tableau La Fuite en Égypte de Nicolas Poussin, acquis par le Musée des Beaux-Arts de Lyon pour la somme de 17millions d’euros au terme de tribulations dignes d’un récit d’aventure.
Il n’est pas rare que notre corps nous trahisse. Une rage de dent, une poussée de fièvre, une blessure quelconque y suffisent. Et c’est façon pour lui de nous rappeler son existence toujours précaire.
« On ne peut pas parler d’histoire qui ne rende pas compte d’un déracinement » déclarait Bernard-Marie Koltès au clair matin de son théâtre en une formule qui pourrait se tenir comme l’épigraphe parfaite à la brutale et radicale beauté de Retour à Berratham, la dernière pièce de Laurent Mauvignier, récemment parue chez Minuit.