« Nous voulons des livres, des films qui agissent sur nous comme des corps, mille fois mieux que des corps, comme des corps vivants. » (Alban Lefranc)
« Plus on s'affronte à une construction1
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littéraire, plus on peut déplacer les perceptions courantes, les manières de voir, et plus les conséquences sont politiques. » (Édouard Louis, à propos d'En finir avec Eddy Bellegueule)
« Je ne sais pas ce que c'est un livre. Personne ne le sait. Mais on sait quand il y en a un. » (Marguerite Duras)
« Quel est le point de rupture ? »Elisabeth Filhol signe un premier roman nucléaire, un procès verbal dans tous les sens du terme : aventure du verbe comme récit clinique. La centrale est de ces textes qui happent et hantent,
Par E Roudinesco
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Dans un brûlot truffé d'erreurs et traversé de rumeurs, à paraître le 21 avril chez Grasset sous le titre Le crépuscule d'une idole. L'affabulation freudienne, Michel Onfray, qui n'est pas historien et ignore tout des travaux produits depuis quarante ans par les véritables historiens de Freud et de la psychanalyse (des dizaines d'essais dans le monde, dont les principaux sont traduits en français), se présente pourtant comme le premier biographe de Freud capable de décrypter des légendes dorées déjà invalidées depuis des décennies.
Lorsque, dans son récent essai, Annie Le Brun parle de Sade, du roman noir ou du surréalisme, elle reste fidèle à elle-même et à ses livres antérieurs, revenant à quelques-uns de ceux qui ont fait valoir la face obscur de l'humain. Mais, cette fois, elle élargit l'angle de vue et procède au grand rassemblement des univers philosophiques et littéraires qui ont pris en charge cette « noirceur ».
« Où est la frontière ? Et comment saura-t-on qu’elle a été franchie ? »Les hommes-couleurs est le premier roman de Cloé Korman, née en 1983. Autant le souligner tout de suite, "premier roman" oui, comme pour en finir avec l'étiquete — tant l’art de la fiction, du suspens, la maîtrise, le talent, le sens poétique comme politique de cette jeune femme sont époustouflants.
Marguerite Duras, dans La Musica deuxième, l’énonçait : «Ecrire, aimer, cela se vit dans le même inconnu, dans le même défi de la connaissance mise au désespoir».
D'un ouvrage sur l'hygiène publique au XIXe siècle, on pourrait n'attendre que morosité : les misères du monde vues sous un angle avant tout technique. Bien au contraire, Une société à soigner que vient de publier Gérard Jorland, philosophe et historien des sciences, est un livre passionnant alors même qu'il est exigeant.
New York, sixties & seventies. Deux décennies charnières dans l’histoire collective —sociale et culturelle— d’une ville mais aussi d’un écrivain, Edmund White. City Boy retrace les années de lutte, littéraire, sexuelle de l’auteur au sein d’une ville mythique, alors en plein chaos, « crasseuse, dangereuse, en faillite », encombrée d’ordures, bon marché, mais aussi ville de la bohème, centre intellectuel et artistique hors du commun. « En résumé, New York dans les années soixante-dix était un dépotoir avec de sérieuses aspirations artistiques ».
Dans Appelez-moi par mon prénom, Nina Bouraoui tissait une série de métaphores qui toutes pourraient définir son dernier roman, Nos Baisers sont des adieux: les mots comme des « missives », l’écriture comme désir et égarement, dérive, occupation (à la fois invasion et quotidien)...