Les événements les plus tragiques, les arbitraires de l’État les plus violents, produisent parfois des retours inattendus. On entend les démons rire à tue-tête.
Déjà depuis quelques années la population pauvre de Mayotte est menacée par des collectifs d'habitants l'ayant prise pour cible. Déjà des centaines de familles ont été chassées des villages, leur cases détruites ou brûlées, leurs biens spoliés et pillés. Les étrangers sont stigmatisés bien qu'il soit difficile de les distinguer parmi la population pauvre.
Mayotte vit en état de siège . L'économie est suspendue. Les transports de marchandises et les déplacements des personnes ne franchissent aucun barrage. La chasse aux étrangers est ouverte. Les reconduites à la frontière se multiplient. Jusqu'à l'arrêt final décrété par l'Union des Comores et le refoulement de ses ressortissants. L'état de siège est alors parachevé.
La confusion règne à Mayotte. «La population» érige des barrages que même les piétons ne peuvent franchir. Le territoire est paralysé. Des milices se constituent qui menacent la sécurité et les intérêts des «étrangers» et assimilés. Nous ne supportons plus nos voisins, incapables de voir que nos existences sont imbriquées les unes dans les autres.
Depuis le début de l’année 2016, l’île de Mayotte est la scène de violences populaires contre les étrangers. Des collectifs villageois organisent des meutes : le matin d’un dimanche le plus souvent, ils forment des défilés, vont de cases en cases dans les quartiers soi-disant comoriens, se font menaçants, détruisent les clôtures et les bangas, chassent la population. Comment en est-on arrivé là ?