« Nous voulons des livres, des films qui agissent sur nous comme des corps, mille fois mieux que des corps, comme des corps vivants. » (Alban Lefranc)
« Plus on s'affronte à une construction1
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littéraire, plus on peut déplacer les perceptions courantes, les manières de voir, et plus les conséquences sont politiques. » (Édouard Louis, à propos d'En finir avec Eddy Bellegueule)
« Je ne sais pas ce que c'est un livre. Personne ne le sait. Mais on sait quand il y en a un. » (Marguerite Duras)
Deux inédits de Barthes (1915-1980) en librairie ce mois-ci : Carnets du voyage en Chine (chez Christian Bourgois) et Journal de deuil (au Seuil). Deux textes intimes, non destinés à la publication, des notes en devenir de textes plutôt. Deux expériences, celle du voyage, celle de la mort, qui ont en commun la découverte de l’altérité absolue, mais aussi d’un langage en butte au non sens, à l’indicible, à ce qui le dépasse. Deux livres qui offrent des fragments, une pensée en recherche, curieuse, souvent aux limites de la lassitude (la Chine) ou du désespoir (la mort de « Mam »). Deux condensés en (points de) suspension de l’œuvre de Barthes.
Des Vents contraires, dernier roman d’Olivier Adam (L’Olivier), s’ouvre sur les paroles d’une chanson que Philippe Djian a écrite pour Stephan Eicher, Tu ne me dois rien :« On ne refait pas sa vie / On continue seulement / On dort moins bien la nuit / On écoute patiemment / De la maison les bruits / Du dehors / L’effondrement ».
Le Jeu de l’horloge est un recueil de neuf nouvelles, neuf portraits de personnages, très majoritairement féminins, pris dans des situations banales, profondément ordinaires même, dans ce que la vie offre de plus tragique comme de plus drôle. Le style de l’auteur, Helen Simpson, est tout entier dans ce tragi-comique, cette tonalité intermédiaire, cette ironie du quotidien.