Un pêle-mêle de souvenirs à plusieurs voix. Non pas des tartines de nostalgie à s'en coller les doigts (d'ailleurs ce n'était pas forcément "mieux avant"), mais des clins d'œil, des pensées, l'écho1
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de moments passés, des bouquins lus, des musiques écoutées, des hommages à rendre, des films presque oubliés, des souvenirs de lieux disparus ou des images à partager juste pour ne pas laisser la poussière s'accumuler. Et si possible en polyphonie parce que la plus sûre façon de partager, c'est de jouer la diversité. Si cela ne s'était pas appelé "Je me Souviens", ça aurait aussi pu s'intituler "Grenier commun". Et bien sûr, toutes les générations sont bienvenues, c'est même le but du jeu... On dit souvent que regarder parfois dans le rétro permet d'aller bien plus sûrement de l'avant !
Enfant, dès que j'avais deux trois sous, je courrais acheter du pain. J'ai toujours été très gourmande de pain. Il faut dire que du pain à la maison on en mangeait seulement en juillet, après la moisson, car tout le froment récolté on le vendait car c'était une de nos rares sources de revenus. Le reste de l'année c'était polenta tous les jours, parfois on devait même en cuire deux fois par jour.
Tuer le temps ou s'escrimer à le comprendre ? Je ne suis pas de ceux qui partent en vacances puisque retraité je suis toujours en vacances. Je ne me sens donc pas obligé de m'abstenir de penser pendant la trêve 14 juillet-15 août, période de permission de sortie des prisonniers du boulot, dont on sous-entend qu'il faut qu'ils se reposent les méninges pour les avoir plus efficaces à l'usine ou au bureau.
Je me souviens de certains jours qui n’avaient pas encore la morosité que leur confère l’exercice quotidien de gagner sa vie. L’expression en elle-même est inconvenante, incongrue. Car le but de la raison d’être de la vie est de justement la perdre, ou plutôt d’apprendre à savoir la perdre avec plaisir.
Il est un mot que je déteste mais qui est pourtant de plus en plus usité : « incontournable ». C’est pourtant celui qui me vient lorsque j’évoque cet hôte trônant invariablement dans son pot Riviera format XXXL. Incontournable. On ne pouvait pas y échapper. Où qu’on aille, il était planté là, à un angle du salon avec ses feuilles en forme de mains aux doigts quasi-palmés, montant à l’assaut des plafonds, suivant le long des voûtes arrondies très à la mode à cette époque pour démarquer le coin- salon du coin-salle à manger. Il était l’alibi-Nature. LA plante.
La nuit parfois surgissent de drôles de conversations, de celles dont on dit après je ne sais pas comment c’est venu sur le tapis… Il était trois heures du matin. Une aube de friandises où le temps se condensa dans les parfums de l'enfance.
Je me souviens de leur retour de l'école, le samedi, avant le week-end. Tous les ans les même scènes. Tous les ans un long week-end.Un bougeoir, un dessin, une boite décorée,... objets d'apparence si dérisoire mais tellement chargés d'affects. Porté délicatement, traîné comme un fardeau, enfoui au fond du cartable, c'était le jour du "cadeau" de la fête des mères.