Agée de 64 ans, j'ai été arrêtée par la police au 30 rue de Lyon, sans autre motif d'avoir emmené par précaution des lunettes de piscine et un masque, pour me protéger des gaz lacrymogènes. Il m'était interdit de communiquer avec mes proches.
C'était donc cela, le piège : la ridiculisation du mouvement social, la réduction à l'absurde et au grotesque de la colère qui depuis trois mois pousse la population dans les rues pour clamer son refus d'une loi qui dépouille les travailleurs de leurs droits si chèrement acquis. Une caricature pathétique : les manifestants réifiés en pantins colorés défilant à la queue-leu-leu dans un joli manège.
Ce titre peut faire sourire. Avons-nous jamais eu de volonté collective, au sens fort du terme ? La question reste posée mais ce que je veux dire est fondamentalement ceci : ce qui nous a été ravi, c’est la possibilité même, l’utopie si l’on veut, d’une volonté collective authentiquement démocratique c’est-à-dire tout simplement le droit de rêver.
Ma mission au CCIF se termine après une année intense au regard de la triste actualité et des dégâts causés dans notre société par la normalisation du racisme et l’augmentation des actes terroristes affrontés avec cynisme et lâcheté par “nos élites”.