Que d’encre, de pixels, d’images, de sons, pour évoquer le sort des migrants. A quoi bon rajouter sa p’tite dose d’indignation. N’en jetez plus : la mer est déjà pleine de cadavres. Les mots, même les plus émouvants ou intelligents, sont impuissants face à cette horreur au quotidien. Le blabla toujours beaucoup moins efficace qu’une bouée et les bras des secouristes. Ou ce très beau geste de vacanciers.
La photo de cet enfant syrien, âgé de trois ans, dont le petit corps, affalé sur une plage turque, est léché par les vaguelettes du Bosphore, semble avoir enfin touché l'opinion mondiale sur le chaos tragique du Proche Orient...Enfin ? Je n'en suis pas certain.
Notre société surexposée aux médias, à l'information-toute-faite, à l'opinion-prête-à-adopter, aux images, aux pures-players, aux videos courtes et aux embedded à tout va se déconnecte toujours plus de la réalité en même temps qu'augmente cette orgie de consommation anesthésiante pour nos cerveaux.
À peine un son. À peine une phrase. Et le corps est ceinturé. Bâillonné. Jeté à terre. Il se défend. C’est juste un corps de femme. Juste une femme qui crie. Une femme en colère semble-t-il. Une femme qui ne peut plus dormir la nuit peut-être. Une femme qui dérange.