Le 27 janvier 2015, dans la matinale de France-Inter, le témoignage sombre et pessimiste de Marceline Loridan-Ivens, survivante d’Auschwitz, ne pouvait laisser personne indifférent. Il a fait immédiatement voler en éclats une chronique de Bernard Guetta pleine de certitudes sur le caractère unique et spécifique de la destruction des juifs d’Europe.
MP2013, capitale européenne de la culture, a donné l'occasion à beaucoup d'entre nous de découvrir les richesses et les secrets, quelques fois terribles, de Marseille et sa région.
Cinq ans plus tard, MP2018 fournit le prétexte de revisiter le territoire. Comme un appel à rejoindre le Camp des Milles, à 5 km d'Aix-en-Provence.
Pour le présent numéro, un thème s’est imposé, comme une évidence, celui des déplacements : déportations, aventures lointaines, marches et marcheurs, migrations, réfugiés, pérégrinations, vagabonds, errances de toute nature.
« Je suis parti, en historien, sur les traces des grands-parents que je n’ai pas eus. » C’est la première phrase du livre d’Ivan Jablonka, la phrase générative. Il aurait pu écrire, tout aussi justement : « Je suis parti, en petit-fils, sur les traces de l’histoire. » Surtout quand l’histoire, dans son pire moment, n’a laissé presqu’aucune trace de celles et ceux qu’elle a broyés, réduits en cendres, « pulvérisés », écrit l’auteur.
En 2000, j’étais en sixième. Pour une émission de radio, une journaliste était venue interviewer des élèves de ma classe en leur demandant « De quoi avez-vous peur? » J’avais répondu « De la guerre ». Mais pour moi, fille et petite-fille de survivants de la Shoah, la guerre avait un sens très précis.