Face à la percée d'Éric Zemmour dans les turbulences médiatiques des prémices de campagne présidentielle, comment expliquer le succès d’un idéologue faussement cultivé, qui entend réactiver la pensée de Charles Maurras, et qui ne recule devant aucun mensonge pour réhabiliter Pétain ? Soulignons ici une dimension idéologique sous-estimée, qui tient à la large adhésion dont bénéficie une conception de la nation associée au nom d’Ernest Renan.
Là où N. Sarkozy inventait il y a quelques années la droite décomplexée, est progressivement apparue la gauche complexée. Les échecs de la stratégie médiatique policée de la gauche, comparés aux succès de la stratégie du choc de l’extrême-droite, devraient inciter les représentants politiques de la gauche à changer de cap : il faut cesser de faire des concessions dans la bataille des idées.
Alors que l’extrême droite la plus rance sature l’espace médiatique, que les sondages lui offrent le luxe d’avoir deux candidats capables de se qualifier pour le second tour de la présidentielle, nous nous interrogeons en permanence sur la stratégie à adopter face à ce tsunami de haine. Faut-il aller porter la contradiction dans des émissions taillées sur mesure pour l’extrême droite ou opposer le mur du silence et boycotter les médias du groupe de Vincent Bolloré ?
Notre pays vit sous la coupe d’une minorité hargneuse, disposant de relais influents, qui décide ce qu’on doit dire, qui dicte tous les débats, impose ses figures et « cancel » celles qui lui déplaisent, squatte les antennes et voit tous ses caprices portés à la une des journaux et sur les plateaux -et même jusque dans les universités. Et non, je ne parle pas des « woke »…