« Où est mon fils ? On les a tous bernés. Ils devaient aller en formation en Biélorussie. Pourquoi nos garçons ont-ils été envoyés là-bas ? Ils n'ont aucune préparation. Ils n'ont que 20 ans ! Et votre fils à vous, il est où ? Il fait des études ? » - crie une des mères. Les autres la suivent : « Vous avez utilisé nos enfants comme de la chair à canon ! » Énervé, le gouverneur quitte la salle.
Depuis la Russie, témoignages montrent des refus d’obéissance au sein de l’armée russe dans le conflit en cours : des soldats désertent. Des anciens déserteurs, réfractaires à la guerre d’Algérie et d’autres guerres plus récentes, objecteurs de conscience, insoumis au service militaire, antimilitaristes, apportent leur soutien aux réfractaires. « C'est aussi un moyen de soutenir ceux qui, en Russie, s'opposent à Poutine [...] Ils doivent être accueillis dans le pays de leur choix, en tant que réfugiés politiques ! »
Il y a une semaine, j’ai découvert que l’association Reporters sans Frontières avait accueilli Zhanna Agalakova. J’ai envie de poser quelques questions à cette journaliste russe que je voyais à la télévision quand j’avais 10 ans. Ce que je reproche aux médias français : leur cœur bat pour les enfants de Marioupol mais leur cerveau rêve encore avec Dostoïevski que « la beauté sauvera le monde ».
Un premier pas a été franchi en 2014 au moment de Maïdan avec l’annexion de la Crimée et l’apparition des républiques autoproclamées de Lougansk et de Donetsk. L’invasion de l’Ukraine lancée le 22 février est une nouvelle étape. Tout montre qu’il ne s’agit pas d’un coup de tête d’un Poutine aventuriste mais que cela s’inscrit dans un projet, largement théorisé, de reconstitution de la Grande Russie.
« La Russie envahit l’Ukraine. » En apparence factuelle, cette phrase trahit une vision aussi répandue que contestable de la géopolitique. Au mépris de la complexité, elle fait des États des entités homogènes, vues comme la seule échelle pertinente pour penser les conflits. (Manouk Borzakian)