Aucun projet n’impactera davantage notre quotidien que celui du « portefeuille numérique » que veut mettre en place à terme la Commission européenne. Or, l’agenda imposé pour son adoption court-circuite toute véritable discussion citoyenne sur la question. Avec le risque qu’il ne s’impose sur le mode du fait accompli. Par Mark Hunyadi - UCLouvain.
Par l’adoption du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), l’Union européenne a rappelé son attachement à ce droit fondamental qu’est le respect de la vie privée. Alors que le Parlement belge reste sourd aux alertes de deux lanceuses d’alerte sur les conflits d’intérêt à l’Autorité de Protection des Données (APD), un collectif d'acteurs européens tirent la sonnette d'alarme sur l'érosion de la confiance dans les institutions : « L'emprise du numérique sur nos vies porte des menaces qui nous concernent toutes et tous. »
[Rediffusion] Depuis que la presse se retrouve bousculée par l'émergence des GAFAM, un rééquilibrage est en cours, où Facebook, Google ou encore YouTube s'arrogent des pouvoirs de rédacteurs en chef du web.
Avec Felix Tréguer, membre de l'association la Quadrature du Net, fondée en 2008, spécialisée dans la défense des droits et libertés sur Internet, nous avons discuté « utopie déchue » comme le titre d'un de ses ouvrages consacrés à Internet, stratégies d'auto-défense, projection émancipatrice dans une ère moins numérique, ou encore du « modèle Amish », inspirant plutôt que méprisable.
On nous avait promis la fin de l’Histoire, la gouvernementalité algorithmique, c’est-à-dire un réel qui parle de lui-même, qui explique de lui-même et avance de lui-même et auquel l’Homme n’a qu’à se plier et obéir. Rien à penser, juste à suivre. Et si nous vivions actuellement et pour notre plus grand bénéfice le retour de la nécessité de penser ?