Dans un entretien avec Guillaume Ermer sur France Culture le 04 mars 2021, les réponses de Frédérique Vidal rejoignent celles initiées par Jean-Michel Blanquer dans le flou autour d’un prétendu « islamo-gauchisme » qui « gangrènerait » les universités en France et sur lequel le CNRS devrait enquêter selon sa demande. Chirurgie d’un discours du soupçon et d’une pornographie politico-scientifique.
«Attaques contre les libertés académiques, non-assistance à étudiant·es en détresse, exposition des personnels à la violence, droits d’inscription prohibitifs pour certain·es étudiant·es, précarisation des personnels, destruction de notre service public...» La liste est longue. «Université Ouverte» et le Comité Vidal démission demandent le départ de leur ministre. Mais aussi un changement de cap : un plan massif et des mesures d’urgence pour les étudiant·es. Rassemblement jeudi 25 mars devant Matignon.
« Une diversion et un ballon d’essai » : c’est ce que j’ai répondu quand on m’a demandé mon avis sur le commentaire de F. Vidal sur CNews. Mon métier d’historienne des sciences étant d’analyser des controverses, prenons le temps de réfléchir à l'aune des persistances dans l'attaque contre les universités. Le déni doit cesser: à nous de choisir si nous, service public de la République, résisterons.
L'affaire de l’IEP de Grenoble confirme que Macron a pris le risque de mettre le feu au lac universitaire pour tailler des croupières électorales à M. Le Pen. La croyance qui s’installe, article après émission, selon laquelle les professeurs sont soumis à la terreur d’islamo-gauchistes (dé)genrés est un fantasme. Pis une contre-vérité, ce type même de fake news qui ont fait le miel électoral de Donald Trump et des Brexiters.
La campagne idéologique réactionnaire lancée par le gouvernement a le mérite de poser clairement les lignes de démarcation : un fascisme rampant qui organise la chasse à courre contre les intellectuels idéologiques de l'égalité, de l'internationalisme et de l'émancipation. Annihiler les « islamogauchistes » c'est vouloir supprimer la subversion de la pensée engagée.