Un premier pas a été franchi en 2014 au moment de Maïdan avec l’annexion de la Crimée et l’apparition des républiques autoproclamées de Lougansk et de Donetsk. L’invasion de l’Ukraine lancée le 22 février est une nouvelle étape. Tout montre qu’il ne s’agit pas d’un coup de tête d’un Poutine aventuriste mais que cela s’inscrit dans un projet, largement théorisé, de reconstitution de la Grande Russie.
Contre le campisme, cet anti-impérialisme à sens unique, qui traverse certains courants de la gauche, il faut tenir enfin compte de l'impérialisme russe. L'étudier de près, ce n’est pas inverser la bêtise campiste ; c’est affirmer que toute analyse qui ne le prendrait pas au sérieux se disqualifie d’elle-même. Le poutinisme est un danger mortel pour les peuples. D’où l’urgence de le combattre sans esprit de faiblesse. 2ème volet d'une réflexion intitulée « Face au nationalisme grand-russe, réinventons l'internationalisme ».
Un refrain me revient sans cesse aux oreilles: Poutine n'aurait pas dû mais c'est la faute de l'OTAN. Il me semble qu'il y a là une crispation sur des certitudes passées qui n'aident pas à penser l'anti-impérialisme aujourd'hui.
Le long cours de l’Histoire témoigne que l’impérialisme résout ses contradictions par la guerre et, lorsque crises convoitises et tensions sont à leur maximum, qu’il s’agisse de conflits internes ou de confrontations entre grandes puissances, la paix reste une utopie. Il n’y a pas de bon impérialisme, il y a des impérialismes, tous porteurs de guerres
Les « démocrates » aiment bien ce nom de totalitarisme. Ce mot, c'est le grand repoussoir. Et ce repoussoir les autorise à déclarer, en toute impunité, que les puissances démocratiques occidentales sont l'horizon indépassable de notre monde contemporain. Cette fiction des deux mondes est très importante. Elle opère un glissement, un remodelage pour, in fine, couvrir le réel, il y a un seul monde, celui du capitalisme mondialisé dont la Russie fait partie.