L’Algérie hante la France, tel un spectre chiffonné, sûrement autant que les Français obsèdent les Algériens. Malgré le travail déjà fait, il y a tant de vérités enfouies, tant de paroles non entendues qui font défaut et empêche de construire un récit collectif. Et surtout tant de rendez-vous à ne plus manquer. Pour participer à cette libération de la mémoire et de nos imaginaires, le Club vous propose un travail collectif pour honorer cette 60e année de paix.
Si, comme le disait un ancien, la culture est ce qui reste quand on a tout perdu, alors les métisses sont bien pourvus. Le grand écart au dessus de la grande bleue est un exercice obligé pour tout binational qui ne veut pas se noyer dans une mer de rancœur, de fierté, de stéréotypes et de raccourcis.
La guerre d’Algérie semble souvent se poursuivre par une guerre des mémoires. Ou bien celles-ci apparaissent comme juxtaposées, donnant l’image de deux mondes qui ne se rencontraient pas. Le témoignage qui suit évoque des situations de rencontre, en restituant la complexité du contexte et des attitudes. Puisse-t-il contribuer à un dialogue des mémoires, reconnaissant la légitimité de chacune.
Le 8 mai 1945 jour de l’armistice marque la victoire sur l’Allemagne nazie vaincue après une guerre mondiale qui a duré de 1939 à 1945 et fait 70 millions de morts. Mais il y a un autre 8 mai 45 celui du massacre de Sétif. En ce même jour de victoire, la mort va frapper en Algérie des dizaines de milliers de familles dont celles de soldats algériens encore en métropole.
Jacques Inrep, ancien appelé en Algérie, revenant sur les photos qu’il a prises à l’armée de documents qui ont été transmis et publiés par Pierre Vidal-Naquet, demande l’ouverture réelle des archives. Dont les notes de service officielles de Massu et de Salan qu’il n’a pas eu le temps de photographier, ordonnant explicitement de pratiquer la torture et d’assassiner les prisonniers.