Avec l’explosion des dettes souveraines en Europe, induite par la crise du Covid-19, l’idée de l’annulation de la dette publique détenue par la Banque centrale européenne (BCE) est de plus en plus questionnée. Une telle perspective salutaire ne règlerait pas pour autant l’un des problèmes institutionnels majeurs de la zone euro, à savoir le carcan monétariste qui enferme le statut de la BCE.
Le débat argumenté, constructif, public, fait vivre la démocratie. Certains politiques et économistes veulent par tous les moyens décrédibiliser le débat sur l’annulation de la dette publique détenue par la BCE. Or ce débat permet d’entrevoir une indépendance des États vis-à-vis des marchés financiers.
Alors que la sphère financière est devenue énorme, que la monnaie y circule bien davantage et plus vite que dans la sphère réelle, la macroéconomie résumée dans le dernier billet d'Henri Sterdyniak n'intègre ni finance ni monnaie, ni a fortiori l’activité des banques et celles des banques centrales telles qu’elles existent. Une macroéconomie sans monnaie ne permet pas de penser le capitalisme financiarisé dont il entend pourtant dénoncer le profond désordre.
Il n’y a que 3 solutions pour faire face à la dette: (i) le défaut, (ii) l’austérité qui par la baisse des dépenses ou l’augmentation des impôts, permet de rembourser et enfin, (iii) le financement de la dette par la Banque Centrale. Derrière les débats lointains sur la solidarité européenne se cache un enjeu fondamental.
Après la crise Covid, la dette publique de la France atteindra 120% du PIB. Henri Sterdyniak montre qu'il ne faut pas tenter de la réduire tant que l'activité n'est pas fortement repartie. Il écarte la pseudo-annulation, comme le cantonnement. La remise en cause des règles européennes est indispensable.