Comment en sommes-nous arrivés à déstabiliser une des bases de la vie en société en considérant que c’était normal de vivre éloigné les uns des autres ? Comment croire que le fait d’être en lien, en face à face pouvait tout d’un coup disparaitre en 2020 sans conséquences sur les individus et sans que l’on se rende tous compte de l’importance de ce fondement de la vie?
La gestion hasardeuse et technocratique de la pandémie par l'Etat bourgeois risque fort de nous perturber socialement et aussi de déconstruire les cellules familiales sur lesquelles repose l'équilibre (précaire) de la nation française...
Le luxe du touché innocent, qui a toujours été celui des biens portants, des extravertis et des tactiles en tout genre, n’est plus. Entre sous-représentation du corps malade dans les lieux de savoir, et sur-représentation du corps sain sur les réseaux sociaux, il nous faut repenser l'éducation au corps et à son touché à partir de l'omniprésence du viral.
La présence peut-elle se faire à distance ? Le confinement n'a pas enclenché un retour à la lecture, à l'introspection, mais la généralisation d'un rapport à l'autre médié par la technique, pour que l'éloignement des yeux ne soit pas celui des cœurs, la distanciation physique une distanciation sociale. Mais ce nouveau mode de présence est-il à distance ou sans lieu donc sans distance, atopique ?
Journaliste, réalisateur et producteur, François Saltiel officie notamment au sein de l’émission quotidienne 28’ sur Arte. Il répond à mes questions à l'occasion de la parution de son ouvrage "La société du sans contact – Selfie d’un monde en chute" aux éditions Flammarion.
