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Macron en Algérie, la tempête mémorielle instrumentalisée
La récente visite présidentielle en Algérie a mis à l'ordre du jour la création d'une « commission mixte d'historiens » censée faire la lumière sur le passé colonial et sceller l'amitié des deux pays. En écho, plusieurs contributeurs questionnent la pertinence du projet : « L’Histoire, pour être «objective», n’a pas besoin de mixité nationalitaire, mais de conditions et de moyens offerts aux historiens pour entreprendre leurs recherches », rappelle l'un d'entre eux. Dans le Club, de nombreuses voix enrichissent depuis des années ce travail de mémoire.
L’Histoire prendrait un tour instrumental et s’inscrirait, à la faveur des travaux d’historiens mandatés par des gouvernants, dans la coopération entre les États, en tant que service public de redressement des mémoires, régi comme tous les services publics par le principe de neutralité.
Durant la visite du président Emmanuel Macron à Alger, il a été question de la constitution d'une « commission mixte d'historiens » dont l'objectif serait de mettre en œuvre une Histoire commune. Est-ce possible?
Emmanuel Macron a affirmé en Algérie : « J’essaie, depuis que je suis président de la République et même avant, de regarder le passé en face », allusion à ses mots de « crime contre l’humanité » et de « barbarie » pour qualifier la colonisation. Mais il hésite à panthéoniser Gisèle Halimi, craignant des réactions hostiles. L’appel d’un fils de harki à le faire montre pourtant que c’est le moment.
[REDIFFUSION] Mon père et ma mère se sont rencontrés pendant la guerre d'Algérie, ici. Il m’a fallu du temps pour accepter d’être l’enfant de ces deux-là, pour croire que l’amour a été à l’origine de notre famille. Ils ont affronté ensemble une époque terrible, des contemporains en majorité hostiles à leur union. Ils ont pu douter parfois. Mais si nous sommes pour la France et l’Algérie des héritiers improbables, ils ont fait de nous des enfants de la réalité. Verrai-je de mon vivant la réconciliation franco-algérienne à laquelle nous sommes nombreux à aspirer ?
[REDIFFUSION] En s'appuyant sur les récits des générations passées, la jeunesse peut jouer un rôle crucial dans la construction d’une mémoire collective apaisée.
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En déclarant la fin de « l'abondance » que nécessiterait l'urgence climatique, Emmanuel Macron a lancé, le 24 août, un nouvel appel aux responsabilités individuelles. Dans le Club, plusieurs contributions soulignent l'indécence de la formule. Et remarquent que l'insouciance est, de plus en plus, un privilège de classe.
Alors que Gérald Darmanin a annoncé sur RTL la présentation d’une loi pour lever « les réserves » législatives empêchant l’expulsion du territoire d’étrangers délinquants, une centaine d'intellectuel·les et de militant·es appellent à une « campagne de mobilisation nationale ». Ils et elles veulent vaincre la « politique de calculs rances et de cruautés démultipliées en lui opposant une logique de droits humains et démocratiques égalitaires ».
Mettre moins d’eau dans les bouilloires (Irlande), prendre des douches froides (Allemagne)... Quatre jeunes élu·es européen·nes déplorent les injonctions faites citoyens aux gestes pour la planète, tandis qu'aucune mesure structurelle ne s'attaque au « capitalisme fou », destructeur de vies, de la faune et de la flore. « Si des changements dans nos modes de vie sont nécessaires, nous ne pouvons attendre des individus qu'ils compensent là où nous, politiques, manquons de responsabilité pour engager les secteurs les plus polluants ou énergivores. »
Face à la barbarie qui s’est abattue sur l’écrivain Salman Rushdie le 12 août 2022, un large ensemble d'intellectuels et militant·es de la société civile en Tunisie, Algérie, Maroc, et dans l'immigration, considère de leur devoir de dénoncer « l’odieuse agression commise contre lui au nom d’un islam défiguré, qui ne peut assouvir ses adeptes sanguinaires que par la haine, le sang, la mort et le chaos. » Elles et ils font le vœu que sa plume ne tarisse pas.
Le 20 septembre à 20 heures débute la 20e édition d’Images mouvementées ! Le festival de cinéma d’Attac a 20 ans et toujours la conviction qu’un autre monde est possible.
Lisaboa Houbrechts, star montante de la nouvelle scène flamande, présente sa dernière création, détonante croisade polyphonique contre les assignations de genre et les oublis historiques, de l’évincement des guerrières antiques à l’avènement du monothéisme chrétien.
De la rage et de l’amertume de nos expériences, mais aussi du besoin de se sentir moins seul.e.s, est née l'envie de se connaitre et de se lier. Le réseau « Les Peuples Veulent » entend intensifier les circulations révolutionnaires entre territoires et continents. Le texte qui suit est un manifeste autant qu'une invitation.
C'était il y a 26 ans. Un mouvement de grève. Puis des mois d'occupation par celles et ceux qui allaient se renommer « sans-papiers ». Puis une mobilisation anti-raciste et anti-fasciste mettant en crise le Front National. Il faut reprendre le chemin de St Bernard ! Manifestation ce samedi.